KIRK DOUGLAS, LE DERNIER DE L'AGE D'OR D'HOLLYWOOD
KIRK DOUGLAS 1916
Acteur, Réalisateur, Producteur Américain
Après des débuts prometteurs, Kirk Douglas s'est rapidement imposé à Hollywood. Comédien exigeant, il a également men une passionnante carrière de producteur et de réalisateur. Virilité physique, intellectuelle et morale, alliée à une conscience professionnelle aigüe, a assuré la présence constante de Kirk Douglas dans le cinéma américain depuis 1956. Jalonnée d'un nombre impressionnant de films de qualité, sa carrière témoigne enfin d'une volonté d'expression personnelle qui, dans certains cas, fut une source de conflits avec des metteurs en scène peu soucieux de se plier aux exigences de leurs acteurs.
J'ai eu le privilège de pouvoir le photographier à la Cérémonie des César, à la fin des années 80, timide, en retrait, j'ai eu du mal à le centrer dans mon objectif, entouré du personnel sécuritaire, il avait remarqué mon hésitation à le photographier, et d'une main, demanda aux gens qui l'entouraient de bien vouloir faire de la place pour que je puisse enfin le photographier. Nous étions au Théâtre des Champs-Elysées, et je n'oublierai jamais ce moment insolite et attachant... Joyeux Anniversaire à Kirk Douglas pour ses 96 bougies!! en ce 9 septembre 2012.
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Né le 9 décembre 1916 à Amsterdam (état de New York). Issur Danielovitch plus connu sous le nom de Kirk Douglas. Il connaîtra une enfance difficile et une scolarité médiocre. Ses parents Harry et Bryna Demsky, sont de modestes travailleurs d'origine russe, et ce n'est que grâce à sa ténacité et à son talent qu'il deviendra l'une des plus solides vedettes de Hollywood.
Très jeune, en effet, Kirk Douglas se passionne pour le théâtre, tout en s'adonnant à toutes sortes d'activités sportives. Son itinéraire aura été néanmoins des plus classiques : après deux années d'études dramatiques à New York, il fait ses débuts en 1941, dans une pièce qu'il interprète aux côtés de C. Aubrey Smith. Mais lorsque les Etats-Unis entrent en guerre, il s'engage dans la marine, prend part aux combats dans le Pacifique, puis, blessé au cours d'une opération, est démobilisé avec le grade de lieutenant.
En 1944, Kirk Doublas retrouve donc les scènes de Broadway, mais pour peu de temps. En effet, Lauren Bacall, avec qui il est lié depuis ses débuts au théâtre, le recommande auprès du producteur Hal Wallis, qui lui confie un second rôle dans "L'Emprise du Crime" (The Strange Love of Martha Ivers,1946) de Lewis Milestone avec Barbara Stanwyck et Van Heflin. En quelques films, sa réputation est établie. Il est vrai qu'il a la chance de jouer dans des oeuvres particulièrement remarquables, telles que le célèbre"Le Deuil sied à Electre" (Mourning Becomes Electra,1947) de Dudley Nichols, "La Griffe du passé" (Out of the Past,1947) superbe thriller romantique de Jacques Tourneur, ou le subtil "Chaînes Conjugales" (A Letter to Three Wives,1948) de Joseph L. Mankiewicz avec Jeanne Crain, Linda Darnell.
Les grands rôles, dès lors, vont très vite lui être attribués. Boxeur arriviste et ambitieux dans "Le Champion" (Champion,1949) de Mark Robson. Kirk Douglas refusa de tourner dans un fim à gros budget (Passion fatale) avec Gregory Peck et Ava Gardner où il devait être qu'un faire-valoir mais un cachet de 50 000 dollars! il accepta plutôt une proposition plus modeste d'un producteur indépendant qui lui offre d'être l'acteur principal du "Champion". Interprétation magistrale de Kirk Douglas qui lui permit d'atteindre le statut de star...
L'Homme aux abois" (I Walk Alone,1947) de Byron Haskin marqua la première rencontre de Burt Lancaster et Kirk Douglas; Il y en aura six autres par la suite C'était leur quatrième film à l'un et l'autre et tous deux étaient sous contrat avec Hall B. Wallis. Burt Lancaster allait connaître le succès avec "Les Tueurs" (The Killers,1946). Kirk Douglas fit ensuite une création impréssionnante de densité dramatique dans un beau western de Raoul Walsh, "Une corde pour te pendre" connu aussi sous le nom du "Désert de la peur" (Along the Great Divide,1951), aux côtés de Walter Brennan et de Virginia Mayo. Mais c'est toutefois après "Le Gouffre aux chimères" (Ace in the Hole,1951) de Billy Wilder, et "Histoire de détective" (Detective Story,1951) de William Wyler, que Kirk Douglas va révéler toute la richesse de son exubérante personnalité. Une vitalité indépendante et joyeuse anime ainsi le personnage qu'il incarne dans "La Captive aux yeux clairs" (The Big Sky,1952), l'une des oeuvres les plus heureuses de Howard Hawks, tandis qu'il confère une véritable épaisseur humaines au producteur à la fois tyrannique et fascinant des "Ensorcelés" (The bad and the beautiful,1952) de Vincente Minnelli. Film aux 6 Oscars dont celui de la Meilleure interprétation masculine à Kirk Douglas. Dix ans plus tard, en 1962, Minnelli tournait à Rome "Quinze jours ailleurs" avec pratiquement la même équipe (Kirk Douglas, Vincente Minnelli, le scénatiste, le producteur...) On pouvait voir des extraits des "Ensorcelés".
Autant de réussites en aussi peu d'années ont fait de Kirk Douglas l'un des acteurs les plus recherchés de Hollywood, ce qui lui vaudra le privilège de jouer dans l'une des productions les plus prestigieuses de la décennie, le très spectaculaire et d'ailleurs excellent "20 000 Lieues sous les Mers" ( Leagues Under the Sea,1954) dirigé par Richard Fleischer. Entre-temps, Kirk Douglas vint tourner en France, aux studios de la Victorine à Nice, puis à Joinville et à Saint-Maurice et enfin à Villefranche-sur-mer dans les Alpes Maritimes pour les extérieurs. Kirk Douglas qui était alors devenu une valeur sûre au box-office nord-américain (il avait déjà tourné plus de 17 films en vedzette de 1946 à 1953, désirant tenter de nouvelles expériences et s'expatria durant près de deux ans en Europe pour y tourner trois films outre celui-ci, "Le Jongleur" (The Juggler,1953, en Israël sous la direction d'Edward Dmytryk, et "Ulysse" (1954) en Italie réalisé par Mario Camerini. C'est sur le plateau du film, dont le titre de tournage était "Quelque part dans le monde", que Kirk Douglas renconta Anne Buydens, une jeune attachée de presse d'origine belge, se marièrent...Il faut souligner que Kirk Douglas détesta jouer dans le film de Felix Feist dans "La Vallée des géants" (The Big Trees,1952).
Mais le meilleur Kirk Douglas restait peut-être encore à venir, avec trois films qu'il, tournera coup sur coup, et qui sont trois manières de chef-d'oeuvre : "L'Homme qui n'a pas d'étoile" (Man Without a Star,1955) de King Vidor, "La Rivière de nos amours" (The Indian Fighter,1955) d'André de Toth, et "La Vie passionnée de Van Gogh" (Lust for Life,1956) de Vincente Minnelli. Réalisé par l'un des géants du cinéma américain, le premier exalte avec une force dramatique peu commune l'énergie physique et morale d'un héros épris d'indépendance et d'équité, alors que le deuxième est un western antiraciste et intimiste d'une rare délicatesse. Quant au troisième, c'est assurément l'un des meilleurs films que la vie et l'oeuvre d'un artiste aient inspirés, avec "Rembrandt" (1942) de Hans Steinhoff et "Edward Munch" (1976) de Peter Watkins. Kirk Douglas s'identifie à Vincent Van Gogh avec une précision hallucinante. Minnelli tourna sur les lieux mêmes où vécut Van Gogn, en France, en Belgique et en Hollande. Kirk Douglas présenta une extraordinaire ressemblance physique avec le peintre...
Au milieu des années 50, le bilan apparaît extrêmement positif, il a joué sous la direction des meilleurs cinéastes américains et il peut envisager de conduire sa carrière en toute liberté. A cet effet, il fonde en 1955 sa propre société de production, la Bryna, grâce à laquelle il va assez courageusement favoriser la réalisation de films au contenu politique et historique marqué, comme "Les Sentiers de la gloire" (Paths of Glory,1957) de Stanley Kubrick. Ne pouvant le tourner en France à cause de ce sujet sensible, le film ne fut distribué qu'en 1975. Il y eut aussi "Sept jours en mai" (Seven Days in May,1964) de John Frankenheimer. C'est kui, enfin, qui permet au scénariste d'extrême gauche Dalton Trumbo mis à l'index depuis la chasse aux sorcières, de retravailler sous son nom en produisant "Spartacus" et "El Perdido".
1946
L'Emprise du Crime de Lewis Milestone
La Griffe du Passé (Pendez-moi haut et court) de Jacques Tourneur
1947
1949
Chaînes Conjugales de Joseph L. Mankiewicz
1950
La Femme aux chimères de Michael Curtiz
1951
Une Corde pour te pendre de Raoul Walsh
1952
1953
1954
1955
1958
Jusqu'à la fin des années 60, Kirk Douglas figure dans des oeuvres ambitieuses. Outre les films de Kubrick et de Frankenheimer, il convient également de citer "Réglement de Comptes à O.K. Corral" (Gunfight at the O.K. Corral,1957). Devant le succès commercial du film, le producteur Hal Wallis décida en 1959 de réunir à nouveau l'essentiel de l'équipe d'O/K. Corral dans"Le Dernier train de Gun Hill" (The Last Train from Gun Hill,1959) de John Sturges . Le succès fut mitigé, Kirk Douglas retrouva à trois reprises Anthony Quin dont : "Ulysse" et "La vie passionnée de Vincent Van Gogh . A cette même période, il y eut aussi : "Quinze Jours ailleurs" (Two Weeks in Another Town,1962) de Vincente Minnelli, "Le Dernier de la liste" (The List of Adrian Messenger,1963) de John Huston et "Première Victoire" (In Harm's Way,1965) d'Otto Preminger. Certains diront que le jeu de Kirk Douglas sembla subir une évolution un peu inquiétante : perdant de son naturel et de sa spontanéité, il tendrait de plus en plus à une théâtralité excessive, aux effets souvent appuyés. D'autres diront que cette évolution était nécessaire à l'épanouissement de l'acteur, que tous les films de cette période n'ont pas eu le même "rythme". "Les Vikings" (The Vikings,1958), splendide épopée mythique de Richard Fleischer, et dans "Liaisons secrêtes" (Strangers When We Meetn1960), une comédie mélodramatique de Richard Quine qui est un chef-d'oeuvre de sensibilité et de tendresse, et où Kirk Douglas, aux côtés de Kim Novak, réussit à être bouleversant.
C'est le réalisateur David Miller qui fut crédité au générique du film "Seuls sont les indomptés" (Lonely Are the Brave,1962), mais la légende veut que le film ait été en grande partie dirigé par Kirk Douglas. Lui-même le reconnaît d'ailleurs implicitement lorsqu'il déclara : "J'ai adoré ce film. J'ai vraiment désiré le diriger parcequ'il était mon enfant" (Photoplay Film Monthly" -Novembre 1975. Il s'agissait d'une des oeuvres dont le comédien était le plus fier....Il savait que pertinemment que ce ne serait pas un succès commercial à cause du sujet anti-commercial... C'est encore Kirk Douglas qui racheta dès sa parution les droits du livre de Fletcher Knebel et Charles W. Bailey : "Sept Jours en Mai" (Seven Days in May,1964), une pléiade d'acteurs entoure Kirk Douglas dont Burt Lancaster, Fredric March, Ava Gardner, Edmund O' Brien et Martin Balsam.
C'est sous la direction d'Anthony Mann (son dernier film), que Kirk Douglas, Richard Harris, Ulla Jacobsson et Michael Redgrave tournèrent "Les Héros de Télémark" (The Heroes of Telemark,1965), John Wayne et Kirk Douglas eurent le temps de se donner la réplique dans plusieurs films dont le plus intéressant restera "Première Victoire" (In Harm's Way,1965) d'Otto Preminger où il interprétrait un personnage complexe. On peut citer aussi : "La Caravane de feu" ( The War Wagon,1967) de Burt Kennedy et "L'Ombre d'un géant" (Cast a Dark Shadow,1966) de Melville Shavelson.
En 1967, c'est Andrew V. McLaglen qui s'occupa de la mise en scène de "La Route de l'Ouest" (The Way West) qui permit de voir sur une même affiche : Kirk Douglas, Robert Mitchum et Richard Widmark. Deux ans plus tard, Kirk Douglas produit et joue dans "Les Frères Siciliens" de Martin Ritt, film très controversé à sa sortie pour sa moralité douteuse, montrant avec une apparente neutralité la vie quotidienne de membres de la mafia à une époque où ce genre de sujet était encore tabou, falait attendre l'arrivée du "Parrain".....Deux films méritent une mention particulière. D'abord parce que ce sont de très bons films, ensuite parce que Kirk Douglas y tient des rôles passionnants : "L'Arrangement" (The Arrangement,1969) d'Elia Kazan avec Faye Dunaway et Deborak Kerr. On peut considérer qu'il s'agit-là de l'une des meilleures prestations de Kirk Douglas dans la deuxième partie des années 70; sans omettre de citer aussi "Le Reptile" (There Was a Crooked Man,1970 de Joseph L. Mankiewicz, pour la première fois le grand cinéaste de "Chaînes conjugales", aborde un genre bien éloigné de ses sensibilités habituelles, mais sous sa férule, le film dépasse le cadre du western traditionnelle pour devenir en même temps qu'une parodie du genre, une remise en cause désinvolte et subversive de notre morale et de nos moeurs .
Il y eut aussi le plaisant "Nimitz, retourvers l'enfer" (The Final Countdown,1980) film de science-fiction de Don Taylor où, en raison d'une astucieuse aberration chronologiques, on voyait les chasseur supersoniques les plus modernes de l'US Navy se retrouver à la veille de la bataille de Pearl Harbor et affronter d'antiques "Zéros" japonais... Succintement, je citerai quelques uns des films tournés par Kirk Douglas pendant cette période : "Un Homme à respecter " (Un Uomo da rispettare,1973) de Michele Lupo avec Giulianno Gemma et Florinda Bolkan, "La Brigade du Texas" (Posse,1975) de Kirk Douglas, "Furie" (1978) de Brian de Palma avec John Cassavetes, "Saturn 3" (1980) de Stanley Donen avec Farrah Fawcett et Harvey Keitel, "L'Homme de la rivière d'argent" (The Man from the Snowy River,1982) de Stanley Donen, "Coup double" (Tough Guy's,1986) avec Burt Lancaster. L'un de ses derniers films fut français "Veraz" (1991), Romane Bohringer, Marie Fugain et Jean-Michel Portal sont les principaux interprétes...
Kirk Douglas est le dernier de l'Age d'Or d'Hollywood, Ernest Borgnine et Richard Widmark nous ont quittés ces dernières années. Bien sûr d'autres sont toujours parmi nous comme Sidney Poitier, Jerry Lewis, Mickey Rooney et quelques-uns d'autres. Mais Kirk Douglas restera la dernière légende parmi les Gregory Peck, Burt Lancaster, Anthony Quinn,Robert Mitchum, Richard Widmark, et les plus anciens comme Gary Cooper, Clark Gable, James Stewart, John Wayne, Cary Grant, Frank Sinatra, Fred Astaire....Nous seront là pour fêter vos 100 Monsieur Kirk Douglas.
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