PATRICK DEWAERE, L'ECORCHE VIF

22 juillet 2012

PATRICK DEWAERE, L'ECORCHE VIF

PATRICK DEWAERE 1947 - 1982

Acteur Français

Patrick Maurin plus connu sous le nom de Patrick Dewaere est né le 26 janvier 1947 à Saint-Brieuc dans les Côtes-du-Nord au sein d'une famille d'artistes. Le 16 juillet 1982, on retrouve dans son appartement parisien, le corps sans vie de cet immense comédien. Son suicide a surpris Claude Lelouch qui tournait les premiers essais d' "Edith et Marcel" (1982), mais aussi ce fut une stupéfaction pour tout le monde. Depuis, 30 annnées ont passé, les témoignages se sont succédés, on a su son mal-être, ses démons, ses dépendances à la drogue sans que cela puisse atténuer notre tristesse ou nos regrets. De nombreux jeunes comédiens se "réclament" de lui

Sa mère Mado Maurin était comédienne, ses frères et soeur complétaient cette famille de comédiens, collaborant ainsi à de nombreux films, télé-films, feuilletons français. Patrick débuta au cinéma dès l'âge de quatre ans en 1950 dans "Monsieur Fabre" d'Henri Diamant-Berger avec Pierre Fresnay. Suivront "La Madelon" en 1955 de Jean Boyer avec Line Renaud et Jean Richard dans les rôles principaux. Le jeune Patrick incarnant un enfant du village. Il enchaînera ainsi de nombreuses figurations avec Gene Kelly dans "La Route joyeuse" (1956), avec Brigitte Bardot et Daniel Gélin dans "En effeuillant la Marguerite" (1956) de Marc Allégret, avec le cinéaste Henri-Georges Clouzot dans "Les Espions" (1957) et René Clément avec "Paris brûlet'il?" (1966).

C'est au théâtre, en 1962, que Patrick Dewaere donna la réplique à Joséphine Baker dans "L'Arlésienne". C'est en 1968 qu'il devient pensionnaire, puis "sociétaire" du café De La Gare avec Coluche, Romain Bouteille et Miou-Miou. C'est pendant cette même période qu'il adopte le pseudonyme de Dewaere, du nom de sa grand-mère. Après avoir joué dans de nombreux feuilletons à la télévision, il fait ses véritables débuts au cinéma dans "Les Mariés de l'An II" en 1971 de Jean-Paul Rappeneau avec Jean-Paul Belmondo, Marlène Jobert et Pierre Brasseur dans les principaux rôles. C'est la troupe du Café De La Gare que l'on verra aux côtés de Michel Piccoli dans "Themroc" de Claude Faraldo. De même avec René Clément dans "La maison sous les arbres" dont Faye Dunaway et Frank Langella.

C'est Bertrand Blier qui sera déterminant dans le déroulement de la carrière cinématographique de Patrick Dewaere, après avoir consulté de nombreux jeunes comédiens, le cinéaste choisit successivement Gérard Depardieu, Miou-Miou et Patrick Dewaere. Il adapte pour le cinéma son roman des "Valseuses" (1974). Ce film interdit aux moins de dix-huit ans propulsa au rang de vedette ces trois jeunes acteurs. Dewaere reste curieux d'expériences stimulantes ce qui l'amène à accepter de tourner sous la direction de Maurcie Dugowson dans "Lily aime moi" (1974) et en 1976 "F comme Fairbanks". Ce dernier film cité reflétait aussi la vie amoureuse et parfois tumultueuse de Dewaere et Miou-Miou, qui se sont séparés pendant le tournage.

Cette même année 1976, Dewaere retrouve Miou-Miou, le temps d'un tournage, ce fut celui du cinéaste italien Marco Bellochio, à qui l'on doit"Les Poings dans les poches", il réalisa "La Marche triomphale". Yves Boisset immortalise "Le Juge Fayard dit le Shérif" (1977) en proposant le rôle principal de ce juge d'instruction qui sera la révélation dans cette oeuvre réussie. Le public est convaincue du talent pétillant, sûr et bien à lui... Patrick Dewaere n'interprète que les rôles dans lesquels il peut se glisser instinctivement, c'est pour cette raison qu'il refuse ouvertement certains scénarios qu'on lui propose.

Cela ne l'empêcha pas d'accepter de donner la réplique à l'acteur italien Ugo Tognazzi dans "La Chambre de l'évêque" (1976) de Dino Risi. De dire "oui" à Bertrand Blier pour renouveller l'expérience avec "Préparez vos mouchoirs" (1977) avec Gérard Depardieu et Carole Laure. Film nominé pour l'Oscar du Meilleur Film Etranger. C'est aussi avec une certaine complicité que Patrick Dewaere et Annie Girardot tournent sous la direction d'Yves Boisset "La Clé sous la porte" (1978).

Dewaere est devenu un des chefs de file du jeune cinéma français. Acteur aux multiples visages, Alain Corneau a voulu, en lui confiant le principal rôle de "Série Noire" (1979), rendre hommage à sa forte personnalité et lui donner l'occasion d'en exprimer tous leles aspects. Au côté de Dewaere, on reconnaîtra Myrian Boyer, Marie Trintignant et, Bernard Blier. Jean-Jacques Annaud réalisa son deuxième long métrage "Coup de tête" (1979) avec Patrick Dewaere dans le rôle de François Perrin et un scénario de Francis Veber. Toutes les séquences relatives au match de foot étaient une véritable rencontre de championnat opposant Auxerre à Troyes. Le cinéaste réalisa la majeure partie de ses scènes pendant la mi-temps...avec un réel public.

Dewaere est dirigé également par de jeunes cinéastes (jeune acteur dans "Les Amitiés particulières") comme Didier Haudepin avec "Paco l'infaillible" (1979). "Un Mauvais Fils" (1980) de Claude Sautet nous plonge dans un univers rarement exploité par le cinéma, ici c'est un scénario racontant l'histoire des relations conflictuelles entre un père (Yves Robert) et son fils (Patrick Dewaere), dans un monde semi-prolétaire. Dewaere déclara en parlant d' "Un mauvais fils" : "Pour moi, tourner avec Claude Sautet, c'était l'inconnue totale. Pourtant, quand il me demandait quelque chose sur le tournage, je comprenais tout de suite ce qu'il voulait.

Avec "Beau-Père" (1981), Bertrand Blier retrouve Patrick Dewaere pour la troisième fois, ce film représenta la France au Festival de Cannes 1981. Philippe De Broca qui venait d'enchaîner une comédie policière avec Annie Girardot et Philippe Noiret accepta la proposition qui lui était faite de mettre en scène "Psy" (1981) pour plusieurs raisons : il désirait explorer une autre forme de comédie, il avait envie de faire un film avec beaucoup de comédiens (Dewaere, Annie Duperey, Dominique Besnehard, Michel Creton, Jean-Pierre Darroussin, Catherine Frot et Jean-François Stévenin), et il trouvait amusant "de prendre des gens qui se rencontrent dans une maison, remuer le tout et voir ce qui arrive". De Broca énonça :"J'avais vu tout ce que (Patrick Dewaere) avait tourné et je trouvais que c'était un comédien remarquable...".

Ces années là, Dewaere "accumula un mauvais sort", sa rupture avec Miou-Miou et les affaires privées qui en résultent, (ses démêlés avec le futur compagnon de Miou-Miou (un chanteur), ses confidences à un journaliste avec qui ,il entretenait une relation amicale, se termine par une certaine trahison... même lorsqu'on est jounaliste, on doit avoir un minimum d'éducation, Dewaere étant un écorché vif, on pouvait se douter de sa réaction violente qu'il eu à l'égard du journaliste, mais je me demande si je n'en aurais pas fait de même...Après il y eu le boycott de nombreux journalistes de ne plus parler de l'acteur. "Un mauvais fils" fut le premier film ou la presse ne parler plus de Dewaere mais uniquement du film. Une première dans les annales du cinéma français

Le cinéaste Henri Verneuil accumula une énorme documentation sur les multinationales afin de connaître leur fonctionnement, leur technique commerciale et leur système de pouvoir, et proposa à Patrick Dewaere d'incarner Paul Kerjean dans "Mille milliards de dollars" (1982), autour de Dewaere, Caroline Cellier, Anny Duperey, Jeanne Moreau, Fernand Ledoux, Charles Denner, Mel Ferrer, Michel Auclair et André Falcon. André Ruellan, co-scénariste de "Paradis pour tous" (1982) d'Alain Jessua (avec Patrick Dewaere, Jacques Dutronc, Fanny Cottençon, Stéphane Audran et Philippe Léotard), déclara : "Il s'agit d'une fable dans laquelle on se trouve entre deux extrêmes : un personnage suicidaire et une thérapeutique qui en fait un être non humain....Mais il y a aussi l'humour..." Ce fut le dernier film tourné par Patrick Dewaere, mort le 16 juillet 1982, il y a tout juste trente ans.