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19 novembre 2011

JEAN GABIN, DU REALISME POETIQUE A L'ANNEE SAINTE (2)

                        JEAN GABIN                   1904 - 1976    

                            Acteur Français  

   

   

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jean gabin - je sais

        

 La même année, il cotoya Madeleine Renaud et Danielle Darrieux dans "La Maison Tellier", un des trois épisodes du "Plaisir" de Max Ophüls. Mais ce n'est qu'en 1953 qu'il rencontra enfin celui qui allait le servir pleinement. En effet, dans "Touchez pas au grisbi" (1954), il campa magistralement pour Jacques Becker Max le menteur, pittoresque figure de la "Série noire" issue de l'imagination pleine de verve d'Albert Simonin. Ave ce rôle en or, Gabin renouait avec ses anciens personnages de voyous du cinéma, mais avec plus de "puissance", affichant un optimisme tranquille en toutes circonstances qui annonçait la plupart de ses interprétations des années 60.  On attribua à Gabin le Prix d'interprétation masculine au Festival de Venise 1954. Parmi les personnages les plus marquants de sa seconde carrière, on se souviendra du dernier film réunissant Michèle Morgan et Jean Gabin dans "La Minuite de vérité" de Jean Delannoy, mais aussi "Leur dernière nuit" (1953) dernière collaboration entre Gabin et le cinéaste Georges Lacombe. Il y eut aussi "L'air de Paris" (1954) de Marcel Carné où incarnait un ancien boxeur malin et paternel, "Chiens perdus sans collier" (1955) de Jean Delannoy, "Razzia sur la chnouf" (1955) d'Henri Decoin (tourné en grande partie en décors naturels, le film passionna le public par son aspect documentaire, montrant son détour les méfaits de la drogue sur le comportement des intoxiqués). 

C'est Jean Renoir qui tourna "French-Cancan" (1954), étant un fervent du CafConc' et  souhaita ainsi le magnifier dans ce film où de nombreux acteurs sont à l'affiche : Gabin, Maria Felix, Françoise Arnoul, Gianni Esposito, Philippe Clay, Jean-Roger Caussimon, Valentine Tessier, Michel Piccoli, Jean Parédès, Albert Remy, Dora Doll et Gaston Modot.

 

 Sa rencontre avec Gilles Grangier

Le cinéaste a rencontré Jean Gabin en 1936 aux Studios de Saint-Maurice., et puis la guerre éclata. Le cinéaste l'avait revu à l'époque où il vivait une idylle avec Marlène Dietrich, mais il lui fallut attendre le tournage de  "La Vierge du Rhin" en 1953. Gabin connaissait une traversée du désert, il revait d'Italie où il avait joué au côté de Silvana Pampanini dans "Fille dangereuse" (1952) de Guido Brignone; Gabin retrouva Grangier qui tournait "Les jeunes mariés" avec François Périer et lui proposa de réaliser "La Vierge du Rhin" mais ne fut pas un grand succès. Cependant une nouvelle collaboration venait de nâitre, par la suite, Grangier devait tourner dix autres films avec Gabin en vedette et cela, jusqu'en 1969, parmi lesquels : "Les Vieux de la vieille", "Archimède le clochard", "Le Cave se rebiffe"...

En 1955 c'est la rencontre Audiard-Gabin dans "Gas-Oil", Jeanne Moreau, Ginette Leclerc, Marcel Bozzuffi, Robert Dalban, Henri Crémieux et Roger Hanin sont les principaux interprètes de ce film tiré du roman de Georges Bayle.  C'est la première fois que l'on peut voir sur une affiche, trois noms réunis : Jean Gabin, Gilles Grangier et Michel Audiard. Séduit par sa verve, Gabin l'adopte pendant de nombreuses années...

Parmi les personnages marquants de sa seconde carrière, on se souviendra du peintre de "La Traversée de Paris" (1956) de Claude Autant-Lara, d'après un recueil de Marcel Aymé "Le vin de Paris".  Gabin crée un personnage nouveau, assez éloigné de sa mythologie habituelle, cynique, agressif, antipathique face à Bourvil dans le rôle de Martin et Louis de Funès dans celui de Jambier l'épicier.  

"Des Gens sans importance" (1956) marque la première rencontre d'Henri Verneuil et de Jean Gabin. Il reprenait son rôle de camionneux qu'il tenait déjà dans son film précèdent "Gas-Oil". Cette fois sans le recours à un prétexte de série noire, il renoue avec ses personnages populaires de sa grande période d'avant-guerre, mais assume ici un destin médiocre qui, en d'autres temps, l'aurait conduit à la révolte contre la société.

"Voici le temps des assassins" (1956) de Julien Duvivier exploite juqu'à la frénésie l'ambiguïté,  de la garce au visage d'ange. Un trio inédit : Gabin, Danièle Delorme et Gérard Blain.  A cette même période, Jean Gabin incarna François Cardinaud dans "Le sang à la tête" (1946) , une adaptation du "Fils Cardinaud" de Simenon, réalisé par Gilles Grangier, lequel proposa l'année suivante à Gabin un rôle proche de celui de "Touchez pas au grisbi", "Le Rouge est mis", d'après le roman d'Auguste Le Breton.

En 1957, c'est Jean-Paul le Chanois qui assure la mise en scène  du "Cas du Docteur Laurent" avec Gabin, Nicole Courcel et Sylvia Monfort; les effets d'une méthode  d'accouchements décrit dans le film devait reccueillir une importante audience et fut accueillie avec enthousiasme par la critique pour son "réel courage" dans une aventure "pas tellement commerciale" (Cahiers du Cinéma).

Jean Gabin fut chronologiquement le huitième comédien à incarner le commissaire Maigret au cinéma dans "Maigret tend un piège" (1957) de Jean Delannoy avec Annie Girardot, Jean Desailly et Olivier Hussenot. Deux ans plus tard, en 1959, sortie sur les écrans : "Maigret et l'affaire Saint-Fiacre" dirigé encore par le cinéaste Jean Delannoy qui déclara : "Ni Gabin, nimoi-même ne voulions recommencer après le premier, alors qu'il avait eu un énorme succès, précisait-il. Mais les producteurs ont insisté...(Jean Delannoy, Institut Jacques Prévert; Aulnay-Sous-Bois.1985).

"Le Désordre et la Nuit" (1958) de Gilles Grangier est tiré du roman de Jacques Robert. Après une douzaine d'années consacréees pour l'essentel à la comédie, le cinéaste entamait vers le milieu des années 50 sa période "Noire". On peut faire une petite exception pour deux autres de ses films, deux comédies : "Archimède le clochard" (1958) (une idée de Jean Gabin), Grangier déclara : "Tout a commencé dans un bistrot.Nous étions en bord de piste sur la rue, le Vieux, Michel et moi, dans le troquet qui appartenait à la belle-soeur de Pierre Véry, près du carrefour de l'Alma. Et soudain une cloche vient nous taper. Gabin lui donne cent balles. Puis, à la fin du repas, il dit: "Pourquoi on prendrait pas un clochard? Je me vois bien là-dedans".

"Les Grandes Familles" (198) réalisé par Denys De La Patellière fut l'un des plus grands succès de l'année : en effet  500 000 spectateurs en huit semaines d'exclusivité. Le roman de Maurice Druon avait été adapté par Audiard et De La Patellière, condensant l'action en la transposant dans le Paris de la fin des années 50. Le résultat donne un film grand public où s'affrontent deux monstres sacrés : Jean Gabin et Pierre Brasseur.

Gabin enchaîna en incarnant un vieil avocat confronté à la jolie Brigitte Bardot dans "En cas de malheur" (1958) de Claude Autant-Lara. Tiré du roman de Georges Simenon, adapté par Pierre Bost et Jean Aurenche; ce film représente le type même du film français de qualité. Claude Autant-Lara a su mettre en scène ces deux grands acteurs, en opposant Jean Gabin, bourgeois en proie au démon de midi, Bardot reste fidèle à son personnage de symbole sexuel.

Denys De La Patellière avait adapté avec Audiard "Rue des Prairies" (1959), s'inspirant du roman de l'acteur René Lefèvre qui avait publié avant-guerre "Les Musiciens du ciel". C'est Gilles Grangier qui orchestra la réalisation des "Vieux de la vieille" (1960), d'après le roman de René Fallet. Son problème avait été de trouver trois "vieillards"  insupportables qui soient en même temps des têtes d'affiches. Le choix s'était porté d'abord sur Jean Gabin et Noël-Noël, et c'est Gabin lui-même qui avait proposé d'engager Pierre Fresnay alors que les producteurs voulaient Fernandel, car la carrière de Fresnay était en perte de vitesse : "Quand je suis allé chercher sa réponse chez lui, expliquait Gilles Grangier, on m'a reçu dans un petit salon, en bas; et j'entendais, Yvonne Printemps, au premier, qui lui disait : "Ecoutez, Pierre, vous n'allez pas tourner avec de vrais acteurs, vous allez vous couvrir de ridicule!" Elle le mettait en condition, la vache!" (in "passé la Loire, c'est l'aventure", entretien avec François Guérif, Terrain Vague Losfeld,1989). 

 Gabin incarna également un vieil homme politique bourru, sorte de Clémenceau du régime dans "Le Président" (1961) d'Henri Verneuil  (Film qui avait diffusé à la télévision le jour de son décès en novembre 1976), puis Grangier initie la relève avec "Le Cave se rebiffe" (1961) avec Gabin, Maurice Biraud, Martine Carol, Bernard Blier, Françoise Rosay, Ginette Leclerc, Frank Villard et Balpétré. Le cinéaste renouvelle l'expérience l'année suivante avec "Le Gentleman d'Epsom" (1962) ou "Les Grands Seigneurs", il s'agissait d'une histoire d'Albert Simonin intitulée "Le Pelousard". Parait-il qu'au début du tournage, Gabin et Louis de Funès s'admiraient l'un l'autre, le tournage s'étant bien passé, puis, ils se sont détestés. Cela n'a pas empêché Gilles Grangier de retrouver une fois encore Gabin dans un troisième volet consacré à Maigret dans "Maigret voit rouge" (1963).

A cette même période, Jean Gabin joue dans deux films réalisés par Henri Verneuil, "Un Singe en hiver" (1962) avec Jean-Paul Belmondo dans un rôle mémorable, des répliques cultes d'Audiard, un duo exceptionnel, l'une des plus belles prestations de Belmondo. (Le roman d'Antoine Blondin avait reçu le prix Interallié en 1959); le suivant avec Alain Delon dans "Mélodie en sous-sol" (1963). Cela a permis à Gabin de  de retrouvait Viviane Romance avec laquelle il n'avait pas joué depuis "La belle équipe"... 

Jean-Paul Le Chanois fit partie des réalisateurs attitrés de Jean Gabin, qu'il dirigea dans quatre films dont "Monsieur" (1964) où une pléiade d'acteurs défilèrent : Liselotte Pulver, Mireille Darc, Philippe Noiret, Gaby Morlay, Berthe Grandval (l'armoire volante), Gabrielle Dorziat et Henri Crémieux.    

"Le Tonnerre de Dieu" (1965) fut le plus grand succès public des carrières respective de Jean Gabin et Denys De La Patellière, avec lequel il tourna l'année suivante "Du Riffifi à Paname" (1966) au côté de l'acteur américain George Raft.

A propos de Gabin, le cinéaste Jean Delannoy avait fait cette déclaration : "Gabin, finalement, était un type très seul qui s'ennuyait dans ses fermes...Dans  "Le Soleil des voyous" (1966), il incarne un type à la retraite et dit à Robert Stack (Les Incorruptibles) "Je vais t'expliquer, je t'emmerde" -cela le résumait assez bien (Jean Delannoy - Institut Jacques Prévert - Aulnay-sous-Bois,1985)

En 1968, c'est Georges Lautner, à qui l'on doit "Les Tontons Flingueurs" qui réalisa "Le Pacha" (1967). Celui-ci se souvient : "J'avais passé un accord avec Matra (les voitures de la gendarmerie étaient des Matra). J'avais pris le même modele pour Gabin, mais quand il est arrivé, il m'a dit : "Lautner, vous n'allez pas me faire monter dans ce suppositoire!. J'ai eu un grand moment de panique; il était bourru mais gentil. Finalement il s'est installé... (A noter la présence de Serge Gainbourg, qui composa la musique et incarna un petit rôle)

Henri Verneuil réalisa "Le Clan des Siciliens" (1969) d'après le roman d'Auguste Le Breton, sur une musique d'Ennio Morricone. Le cinéaste retrouve dans cette super-production à "l'américaine", Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura.

"La Horse" (1969) a été co-produit par la Gafer, la société de production de cinéma fondée par Gabin et Fernandel en 1962. (Tous deux avaient tournés "L'Age ingrat" (1964) réalisé par Gilles Grangier avec Franck Fernandel, Marie Dubois et Noël Roquevert). Dans "La Horse", Gabin incarna le personnage d'Auguste Maroilleur, grand propriétaire terrien, un portrait partiellement autobiographique de Gabin règnant dans le civil sur sa ferme de l'Orne "La Moncorgerie"...

Avec "Le Chat" (1971), tiré du roman de Georges Simenon, réalisé par Pierre Granier-Deferre, il partage la vedette avec Simone Signoret restera l'une de ses plus belles prestations des années 70. Il fut également l'impénétrable Gaston Dominici  dans "L'Affaire Dominici" (1973) de Claude Bernard-Aubert. Il ne faut pas oublier la foule de personnages pittoresques et truculents qu'il a interprétés devant les caméras plus ou moins inspirées de Denys de La Patellière, de Jean-Paul Le Chanois, de Gilles Grangier (11 films en tout), d'Henri Verneuil et de Jean Delannoy. Enfin il n'avait pas son pareil pour "sortir" les dialogues - faits sur mesure, il est vrai de Michel Audiard (qui a signé les scénarios d'une vingtaine de ses films), de Pascal Jardin et d'Alphonse Boudard.

En 1973, Gabin accepta de donner la réplique à Alain Delon (à sa demande) dans "Deux Hommes dans la ville" que réalisa José Giovanni aux côtés de Michel Bouquet et Mimsy Farmer. L'année suivante, sur des paroles de Jean-Loup Dabadie et une musique de Philippe Green, il enregistre "Maintenant je sais", qui deviendra un disque à succès.

Après avoir été le Premier Président de la Cérémonie des César (sa dernière apparition), Jean Gabin meurt dans sa 73ème année, le 15 novembre 1976, des suites d'une congestion pulmonaire, compliquée d'ennuis cardiaques et d'hypertension. Selon ses dernières volontés, il fut incinéré et l'urne contenant ses cendres fut jetée, en pleine mer, au large de Brest.

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                     NAPOLEON

 

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                                   VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS

 

             

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