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5 novembre 2011

FILM NOIR - LES ANNEES 30-40 (2)

FILM NOIR

LES ANNEES 30-40   (2)

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2- LES DETECTIVES PRIVES

Dans les années 40 on vit apparaître sur les écrans le détective privé, solitaire, dur et très souvent en marge de la loi, chevalier sans peur dans un monde désormais dominé par la corruption. Ce personnage nouveau trouvera un terrain d'élection dans ce qu'on a baptisé "film noir".

Un caprice de l'histoire voulut que la naissance du cinéma coïncidat avec l'âge d'or du roman policier. dans les deux cas, il s'agissait d'expressions artistiques essentiellement populaires, rapidement les producteurs de cinéma allaient puiser largement dans le fonds de la littérature policière.

Les frissons provoqués par les histoires de Sherlock Holmes sont plus "nobles", dans la mesure où ils procèdent de l'admirable logique déductive du personnage; en passant à l'écran, Sherlock Holmes allait quelque peu se "démocratiser", il devint plus populaire. A partir de 1903, on put voir très souvent sur les écrans les aventures d'Holmes et de Watson. Nombre d'acteurs ont incarné ces deux personnages, mais aucun n'atteignit la notoriété du duo Basil Rathbone-Nigel Bruce, tenants respectifs du rôle d'Holmes et de celui de son inséparable ami médecin, Watson. Le duo se forma à la 20th Century-Fox avec deux bons films d'atmosphère de 1939, "Les Chiens de Baskerville" (The Hound of The Baskerville) et "Sherlock Holmes" (The Adventures of Sherlock Holmes), les autres films de la série ayant été produits par l'Universal.

En raison de la popularité des histoires d'espionnage pendant la guerre, la figure du détective victorien devint rapidement anachronique; l'Universal la modernisa alors pour des films comme "Sherlock Holmes et l'arme secrète" (Sherlock Holmes and the Secret Weapon,1943) et "Sherlock Holmes in Washinghton"  (1943) mais ceux-ci n'avaient plus grand chose de commun avec les histoires originales de Conan Doyle, si ce n'est une certaine élégance et une bonne dose d'ironie.

                     "Les Chiens de Baskerville" (The Hound of The Baskerville,1939) 

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                             "Sherlock Holmes" (The Adventures of Sherlock Holmes,1939) 

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     Sherlock Holmes et l'arme secrète" (Sherlock Holmes and the Secret Weapon,1943)

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                                                      1946

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A l'époque de la prohibition, la nature du thriller cinématographique changea radicalement et la criminalité devint un des principaux thèmes de film. Quand la loi qui interdisait la fabrication, la vente et le transport de boissons alcoolisées aux Etats-Unis fut appliquée en 1919, les gangsters et les trafiquants s'organisèrent pour la première fois au niveau national et la violence fit désormais partie intégrante de la vie quotidienne. Hostiles à la prohibition, les citoyens se mirent à contester les forces de la loi, la magistrature et la police, jugées inefficaces et corrompues.

Les rues des grandes villes se transformèrent en champs de bataille dans lesquels les criminels affrontaient  leur ennemi le plus implacable, le détective. Seul Philo Vance, le célèbre détective privé de S.S. Van Dine, habituellement incarné à l'écran par l'élégant William Powell, agissait encore dans un monde qui n'avait pas grand chose à voir avec la réalité, un monde où le sang et la violence n'apparaissaient pas. Il revint à Dashiell Hammett....l'auteur aux romans policiers, d'arracher le crime "littéraire" aux salons pour le faire descendre dans la rue, véritable jungle sans foi ni loi.      

Les années 40 virent l'ascension du détective privé. Ce furent les écrivains Dashiell Hammett et Raymond Chandler qui en créèrent le personnage et lui donnèrent une réelle consistance. Le détective privé est le personnage clé du cinéma américain d'alors, l'homme auquel on a confié la tâche d'explorer les zones les plus obscures de la psychologie collective américaine. Qu'il s'agisse de Sam Spade ou de Philip Marlowe, pour la majorité des amoureux du cinéma la figure du détective privé s'identifie à Humphrey Bogart. Cette identification est si naturelle qu'il est aujourd'hui presque impossible de lire les romans policiers de Chandler et d'Hammett sans imaginer Bogart dans le rôle du héros. 

Dans leurs romans, de même que dans les films tirés de leurs oeuvres, la "vérité" ne coïncide jamais avec la solution de l'énigme. Dans le film "Adieu ma belle" (Murder, My Sweet,1944) adapté du roman de Chandler "Adieu ma jolie", publié en 1940, Philip Marlowe se contente au début de rechercher une femme, Velma, enquête de routine débouchant sur un mystérieux meurtre qui, bien qu'occupant une grande part du film, n'a rien à voir avec le fond de l'histoire.

Hitchcock lui-même se tint presque toujours à distance du policier "pur", car le frisson et le suspense l'intéressaient plus que la solution du mystère. "L'homme qui  en savait trop" (The Man Who Knew Too Much,1934), "Les Trente-Neuf Marches" (The Thirty-Nine Steps,1935) et "La Mort aux Trousses" (North by Northwest,1959) sont des films d'espionnage, mais l'attention du spectateur est presque toujours détournée de l'intrigue initiale.412662_1020L

En fait, pour Sam Spade et Philip Marlowe, la vérité se trouve dans ce qu'ils découvrent au cours de leur enquête et dans la manière avec laquelle ils font face aux évènements. Chandler décrit lui-même mieux que tout autre la figure du détective. Dans "Le Faucon Maltais" par exemple, Spade a trahi son associé, Archer, car il a noué une liaison avec la femme de celui-ci. Quand Archer est tué, il repousse soudainement la femme et procède à son enquête, motivé à la fois par le remords et par le désir de vengeance.

Par film noir, on entend avant tout un genre cinématographique reposant sur la réunion d'un certain nombre d'éléments et de procédés visuels, agrémentés d'une bande sonore et d'un accompagnement musical caractéristiques : les trottoirs luisant de pluie reflètent les pâles lueurs des réverbères, les enseignes au néon d'hôtels sordides, les snacks ouverts toute la nuit (Les Tueurs de Robert Siodmak ), les bars équivoques, tandis qu'un air de Jazz est perçu au loin, en sourdine. La pluie et la maigre lumière dissolvent toutes les formes . Les perspectives sont déformées et les masses sombres des maisons contribuent à créer une atmosphère de cauchemar.

Ces clichés constitutant les emblèmes visuels et thématiques des films américains des années 40, furent exaltés par la critique française au cours de  la période 1945-1955 et étaient fort prisés du public. Naturellement interdit aux français pendant l'Occupation allemande, les films américains envahirent les écrans nationaux après 1945. En l'absence de toute référence, les critiques cinématographiques français recoururent à la littérature. En France, Raymond Chandler et Dashiell Hammett étaient publiés chez Gallimard dans la célèbre "Série noire" et, par voie de conséquence, le roman  policier d'action fut qualifié de "roman noir". De là à appliquer ce dernier adjectif au cinéma, il n'y avait qu'un pas, qui fut aussitôt affranchi.

Que de productions de ce genre aient reçu en France, un bon accueil, n'était pas cependant l'effet du hasard : l'atmosphère dont elles étaient imprégnées n'était pas seulement en parfaite harmonie avec la littérature existentialiste d'écrivains comme Jean-Paul Sartre et Albert Camus, elle évoquait encore ce romantisme pessimiste qui avait caractérisé le meilleur cinéma français d'avant guerre.

Dans l'Amérique des années d'après guerre, au contraire, le contraste entre la sombre atmosphère du film noir et l'exubérante insouciante de la comédie musicale en Technicolor des années 40 reflétait la crise d'une société quelque peu bouleversée par la guerre et fort troublée par sa dernière conquête : la bombe atomique.

Les sociologues ont suggéré l'idée d'interpréter le film noir comme une métaphore du "cauchemar américain", antithèse absolue du "rêve américain. A l'appui de cette théorie, il faut considérer l'impact d'une série de changement intervenus dans l'ordre social : l'effrondrement de valeurs telles qu'on les concevait avant guerre, provoqué parla réalité vécue du conflit; le retour des hommes, après leur démobilisation, dans un pays où les rôles économiques et sexuels traditionnels avaient été remis en cause par la soudaine émancipation des femmes; le sentiment que la paix et la sécurité récemment retrouvées étaient minées par la peur entretenue par la paranoïa politique.  

  

                                "Adieu ma belle" (Murder, My Sweet,1944)

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L'atmosphère particulière du film noir est due, en grande partie, à son éclairage. La plupart des films noirs se déroulent la nuit, à la lumière artificielle; dans la rue, les réverbères répandent une lueur inquiétante; des volets protègent les fenêtres, les lampes de table diffusent des cône de lumière qui n'éclairent qu'à peine les visages. Ils restent plongés dans l'ombre, la plupart du temps, l'acteur débite son texte en dehors du champ lumineux tout en se confondant le plus souvent, avec ceux qui l'entoure.

Il faut noter enfin la prépondérance du flash-back dans le film noir. Celui-ci commence souvent sur un temps fort; l'acteur crucial a été perpétré, il est irrévocable. Des films comme "La Griffe du passé" (Out of the Past), dirigé par Jacques Tourneur en 1947, remontent souvent le cours du temps, comme s'ils cherchaient à retrouver les origines de quelque vieille  malédiction. Dans "Assurance sur la mort" (Double Indemnity,1944) de Billy Wilder, Fred MacMurray, mortellement blessé, nous raconte tout ce qui a précédé. Quand nous entendons Fred MacMurray faire le récit de sa première rencontre avec Barbara Stanwyck, nous sentons qu'il cherche à lui faire porter la totale responsabilité de ce qui est arrivé tandis que les images du flash-back qui défilent sous nos yeux, plus ambiguës, nous font comprendre que les deux personnages partagent cette responsabilité.

     "La Griffe du passé" (Out of the Past,1947) de Jacques Tourneur 

  

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                            _____A SUIVRE PROCHAINEMENT ______________

                      "Les précurseurs du film noir et les héros du crime"__

             

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