ELIZABETH TAYLOR, UNE PLACE AU SOLEIL
ELIZABETH TAYLOR 1932 - 2011
Actrice Américaine
De la délicieuse fillette des années 40 à la superbe mégère des années 60, Elizabeth Taylor a conduit sa carrière avec une lucidité exemplaire. Sa féminité a fait merveille dans nombre de chefs d'oeuvre. Capricieuse, orageuse, scandaleuse, mais aussi talentueuse, Elizabeth Taylor a sans doute été, dans les années 60 et 70, la dernière grande star hollywoodienne.
Sa vie privée aura été, à cet égard, un modèle...d'irrégularité. Ses mariages et ses divorces, conduits à grand renfort de publicité, ont fait trois decennies durant la fortune des échotiers. Elle fut successivement l'épouse de Nicky Hilton, de Michael Wilding, de Michael Todd, d'Eddie Fisher, deux fois de Richard Burton, le sénateur républicain de Virginie, John Warner...
Ses tribulations sentimentales et matrimoniales coïncidant presque exactement avec les différentes phases d'une carrière cinématographique en perpétuelle évolution. Le génie d'Elizabeth Taylor fut, en effet, d'avoir su mûrir avec ses personnages et de ne s'être jamais exposée au ridicule dans lequel ont sombré tant de comédiennes, à savoir de tenter d'échapper, par de misérables simulacres, à l'impitoyable usure du temps. Le résultat, c'est que, ravissante à quinze ans, adorable à vingt, splendide à trente et superbe à quarante ans.
Elizabeth Taylor est née à Londres le 27 février 1932. Son père était un marchand d'objets d'art et sa mère, une actrice. Très jeune, Elizabeth fit de la danse avec le célèbre Vaccani, le professeur de danse de la famille royale. Ses parents avaient quitté l'Angleterre au début de la Seconde Guerre mondiale et s'étaient installés aux Etats-Unis.
Contactée tout à la fois par Universal et par la M.G.M., la mère d'Elizabeth Taylor à qui l'on proposait un rôle cinématographique pour sa fille, choisit l'Universal et la jeune Elizabeth débuta au cinéma dans "There's One Born Every Minute" (1942) d'Harold Young, le film n'attira pas l'attention sur Elizabeth et l'année suivante, elle fut engagée sous contrat par la Metro Goldyn Mayer. Elle ne tardera pas à s'imposer sur l'écran avec sa délicate et piquante silhouette de fillette aux yeux de brume. Son maintien racé ses traits d'une sculpturale régularité et son délicieux accent britannique feront merveille dans "La Fidèle Lassie" (Lassie Come Home,1943) de Fred M. Wilcox, où elle incarnait à ravir la petite-fille du vieux lord anglais qui dispute au petit garçon pauvre interprété par Roddy McDowall l'affection de la plus célèbre chienne du cinéma américain.
Louis B. Mayer, le patron de la MGM, lui signa un contrat et c'est là qu'Elizabeth Taylor continua ses études tout en obtenant des rôles de plus en plus importants. Son premier grand rôle, Elizabeth Taylor le trouvera dans "Le Grand National" (National Velvet,1944), un superbe film de Clarence Brown dans lequel sa grâce éclipsait la juvénile et sympathique énergie de Mickey Rooney. Contée avec beaucoup d'élégance et de sensibilité par le réalisateur des meilleurs films de Greta Garbo, cette histoire de grand prix hippique recueillit la faveur du public. Quant à l'interprétation de la jeune comédienne, elle s'était attirée cette appréciation d'un critique new-yorkais :"Une ardeur dévorante tempérée par une douceur et un charme subtils."
A douze ans, Elizabeth Taylor était déjà une délicieuse petite femme dont l'expression volontaire et la vitalité allaient s'accomplir à la fin des années 40, notamment dans "Les Quatre Filles du Docteur March" (Little Women,1949) de Mervyn Leroy, où, aux côtés de Margaret O'Brien, Janet Leigh et June Allyson, elle faisait montre d'un humour acéré. Elizabeth Taylor enchaîna en 1946 avec "Le Courage de Lassie" (Courage Of Lassie) de Fred M. Wilcox, puis "Mon père est à nous" (Life with Father,1947) de Michael Curtiz.
Cette période de transition sera également marquée par deux petits chefs'd'oeuvre de Vincente Minnelli : "Le Père de la mariée" (Father of the Bride,1950) et "Allons donc papa" (Father's Little Dividend,1951). Ce sont deux comédies désopilantes qui, fondées sur une vision tout à fait optimiste de la classe moyenne américaine, permirent à Elizabeth Taylor d'achever de conquérir le coeur d'un public enclin à la plus élémentaire sentimentalité. Il faut dire que dans ces deux films, dont elle partageait l'affiche avec le grand acteur qu'était Spencer Tracy alors au sommet de sa gloire, la jeune actrice était belle à croquer, plein d'entrain et extrêmement drôle.
En passe d'accéder au firmament du star system, Eliabeth Taylor était alors devenue assez célèbre pour tenir son propre rôle dans "Une Vedette disparaît" (Callaway Went That-a-Way,1951), une satire des moeurs hollywoodiennes réalisée par Melvin Frank et Norman Panama. En 1952, elle est à l'affiche aux côtés de Robert Taylor, Joan Fontaine et George Sanders dans "Ivanhoé" réalisé par un spécialiste du film d'aventures : Richard Thorpe. En 1952, le studio annonça la distribution féminine : Margaret Leighton serait Rowena et Elizabeth Taylor, Rebecca d'York. Mais Liz Taylor, traitant le sujet de "grand western médiéval" refusa le rôle. Obligée par contrat de le jouer, elle fut finalement opposée à Joan Fontaine.
Au sortir de l'adolescence, Elizabeth Taylor était mûre pour des rôles de grande envergure. Sa célébrité devrait s'accroître considérablement avec "Une Place au soleil" (A Place in the Sun,1951) de George Stevens. Adapté de "An American Tragedy", l'oeuvre la plus célèbre du romancier Theodore Dreiser, dont Josef Von Sternberg avait réalisé une première version en 1931, ce film d'une fidélité littéraire exemplaire était également interprété par Montgomery Clift et Shelley Winters. Servie par une mise en scène académique , certes, mais d'une grande intelligence cinématographique, ainsi que par une photographie magnifique, Elizabeth Taylor était parfaite, sa distinction naturelle paraissant la vouer, dès lors, à incarner des personnages typiques de la bonne société américaine. La suite de la carrière allait démontrer, en réalité, ses facultés d'adaptation à des rôles très différents.
Les années 50 allaient s'achever en beauté pour Elizabeth Taylor, après quelques films d'éphémère prestige comme "La Piste des éléphants" (Elephant Walk,1953) de William Dieterle, ou "Rhapsodie" (Rhapsody,1954) de Charles Vidor où elle avait Vittorio Gassman pour partenaire. C'est Shirley Temple qui avait été initialement préssentie pour incarner Helen Ellswirth dans "La Dernière fois que j'ai vu Paris" (The Last Time I Saw Paris,1954) de Richard Brooks. Ce fut Elizabeth Taylor et Van Johnson qui eurent la primeur de le jouer ensemble. Ils avaient été réunis quelques années auparavant dans "The Big Hangover" (1950) de Norman Krasna. Quant au troisième rôle du film (Walter Pidgeon), il avait incarné le père de la comédienne dans "La Belle Imprudente" (Julia Misbehaves,1948) de Jack Conway.
Il faut noter que la plupart des plus grands metteurs en scène de la MGM la dirigèrent : Vincente Minnelli, Richard Brooks, Richard Thorpe, Stanley Donen, Mervyn Leroy...). En 1950, Elizabeth Taylor épousa Nicky Hilton dont elle devait divorcer l'année suivante pour se marier avec l'acteur anglais Michael Wilding dont elle eût un premier enfant, Michael Howard, en 1953. Elle divorça de Michael Wilding dont elle eu un second fils, Christopher Edward, en février 1955, se remarie avec le producteur Michael Todd à qui on doit "Le Tour du monde en 80 jours". Une petite fille, Elizabeth Frances naît le 6 août 1957 mais Michael Todd meurt dans un accident d'avion le 22 mars 1958. L'année suivante Elizabeth Taylor épouse l'acteur Eddie Fisher, l'ancien marie de l'actrice Debbie Reynolds, mais le tournage de "Cléopatre" va bouleverser sa vie....
La Fidèle Lassie (Lassie come home,1943) de Fred M. Wilcox
Les Blanches Falaises de Douvre (The White Cliffs of Dover,1944) de Clarence Brown
Le Grand National (National Velvet,1944) de Clarence brown
Courage de Lassie (Courage Of Lassie,1946) de Fred M. Wilcox
Cynthia (1947) de Robert Z. Leonard
Ainsi sont les femmes (A Date with Judy,1948) de Richard Thorpe
Les Quatre Filles du Docteur March (Little Women,1949) de Mervyn Leroy
Guet-Apens (Conspirator,1949) de Victor Saville
Le Chevalier de Bacchus (The Big Hangover,1950) de Norman Krasna
Le Père de la Mariée (Father of the Bride,1950) de Vincente Minnelli
Une Place au soleil (A Place in the sun,1951) de George Stevens
La Fille qui avait tout (The Girl who had everything,1953) de Richard Thorpe
Après avoir donné la réplique à deux de ses amis : Rock Hudson et James Dean dans "Géant" (Giant,1956) de George Stevens et "L'arbre de Vie" (Raintree Country,1957) d'Edward Dmytryk au côté de Montgomery Clift. Elizabeth Taylor fit en effet une irruption proprement bouleversante das l'univers de Tennessee Williams. La sensualité morbide du dramaturge américain, constituée de frustrations sordides et de désirs inavoués, permit à la comédienne d'exprimer une animalité peu commune, aux côtés de Paul Newman, dans "La Chatte sur le toit brûlant" (Cat on a Hot Tin Roof,1958) de Richard Brooks. Il faut souligner quelques différences entre la pièce et son adaptation au cinéma : Big Daddy (Burl Ives), personnage central du film, a moins d'importance dans la pièce. Richard Brooks a également modifié le sujet en dissimulant l'homosexualité de Brick (Paul Newman) pour s'étendre davantage sur le conflit familial.
Joseph L. Mankiewicz, le réalisateur de "Cléopatre" avait auparavant, orchestré la prodigieuse mise en scène de "Soudain l'été dernier" (Suddenly Last Summer,1959), interprété par Montgomery Clift et Katharine Hepburn. Utilisée par un esthète pervers pour attirer à lui de jeunes mâles affamés, Elizabeth Taylor débordait dans ce film de suggestion érotique et embrasait véritablement l'écran. Jamais elle n'avait été aussi belle, aussi fascinante.
"La Vénus au vison" (Butterfield 8,1960) fut récompensé de l'Oscar de la Meilleure Actrice pour la plus désirable des femmes : Elizabeth Taylor. Devenue l'une des vedettes les plus recherchées de sa génération. Elizabeth Taylor pouvait aborder en confiance un film dont la réalisation allait atteindre à des sommets d'extravagance et égaler, en matière de démence cinématographique et financière, celle du fameux "Ben-Hur" (Ben-Hur,1925) de Fred Niblo : "Cléopâtre" (Cléopatra,1963) de Joseph L. Mankiewicz avec une distribution profondément remaniée puisque, si Elizabeth Taylor conservait le rôle de Cléopâtre, Richard Burton succédait à Stephen Boyd dans celui de Marc-Antoine, et Rex Harrison à Peter Finch dans celui de César. A la suite d'une grave maladie de la comédienne, le tournage ne put reprendre qu'en septembre 1961, cette fois à Cinecittà, Elizabeth Taylor ayant exigé, pour des raisons fiscales, que le film se fît en Europe et non à Hollywood, comme les producteurs l'avaient envisagé après la defection du cinéaste Rouben Mamoulian.
Lorsque Mankiewicz prit en main la destinée de "Cléopâtre", il manifesta un réel plaisir à retrouver celle qu'il avait dirigée avec tant de réussite dans "Soudain l'été dernier" : "Liz est une actrice admirable qui peut tout jouer. Elle a un talent inné et prend très au sérieux son rôle de Cléopâtre. D'habitude, elle est assez désinvolte à l'égard des rôles qu'elle doit interpréter, mais pas pour celui-ci. Elle a acquis une nouvelle maturité depuis son opération et ce film est une sorte de gageure.
Elizabeth Taylor a éprouvé une réelle passion pour son personnage, comme en témoigne cette déclaration : "Il m'est impossible d'expliquer ce que je pense exactement de Cléopâtre, la femme. C'était une femme d'une trop grande envergure, si riche d'émotions et de qualités. Je saurai quel genre de femme c'était en jouant son rôle. Je sais que des actrices ont joué le rôle de Cléopâtre depuis des siècles. Dans Shaw, le personnage est traité d'une façon délicieuse, mais pas toujours exacte. Il a fait de Cléopâtre, une jeune coquette, même à dix-neuf ans, lorsqu'elle rencontra César. C'était une tigresse."
Ce n'est que le 22 janvier 1962 qu'Elizabeth Taylor et Richard Burton jouèrent leur première scène ensemble. Leur liaison fit tant de bruit, dans la presse mondiale, que le tournage du film faillit être à une nouvelle fois interrompu. Il fallut toute l'adresse du subtil Joseph L. Mankiewicz pour éviter la catastrophe. Afin de calmer les esprits, le cinéaste eut l'idée de livrer aux journalistes ce savoureux communiqué : "La vérité est que M. Burton et moi nous nous aimons, et Miss Taylor est là pour donner le change.." Le nouveau couple légendaire se marie
Si "Cléopâtre" souffre indéniablement du déséquilibve résultant de la volonté des dirigeants de la 20th Century-Fox de donner au film une dimension spectaculaire et celle de Mankiewicz de traiter le sujet dans une perspective intimiste et shakespearienne, la vérité oblige à dire qu'Elizabeth Taylor y manifestait des ressources dramatiques surprenantes. Cette expérience, alliée sans doute à l'influence de Richard Burton, lui permit de développer un jeu tout en violence féminine et en théâtralité, notamment dans "Qui a peur de Viriginia Woolf ? " (Who's Afraid of Viriginia Woolf?,1966), film de Mike Nichols qui lui valut un Oscar d'interprétation, et dans "La Mégère apprivoisée" (The Taming of the Shrew,1967) de Franco Zeffirelli.
Si la suite de sa carrière devait être différent et parfois décevante, Elizabeth Taylor n'en avait pas moins été sublime, encore, dans "Reflets dans un oeil d'or" (Reflections in a Golden Eye,1967) de John Huston avec Marlon Brando et aussi dans "Cérémonie secrète" (Secret Ceremony,1968), chef d'oeuvre méconnu de Joseph Losey.
Vénus au vison (Butterfield 8) (1960) de Daniel Mann
Hôtel International (The V.I.P.,1963) d'Anthony Asquith
Les Comédiens (The Comedians,1967) de Peter Glenville
Identikit (1974) de Giuseppe Patroni Griffi
L'Oiseau bleu (The Blue Bird,1976) de George Cukor
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