TONY CURTIS LE GOLDEN BOY
TONY CURTIS 1925 - 2010
Acteur Américain
L''acteur américain Tony Curtis a succombé à un arrêt du coeur chez lui mercredi 29 septembre 2010 au soir, à l'âge de 85 ans.
Tony Curtis, de son vrai nom Bernard Schwartz, est né dans le quartier de Manhattan, à New-York, le 3 juin 1925 d'un père juif orthodoxe d'origine hongroise, qui exerçait le métier de tailleur et d'une mère hongroise ayant immigré en 1922 aux Etats-Unis, où elle se maria le 22 mai 1924.
Immergé dans un environnement familial oùl'on parlait uniquement hongrois, Tony Curtis apprit la langue anglaise sur les bancs de l'école élémentaire, à l'âge de six ans. Il se familiarisa pourtant très vite avec ce nouveau langage au contact des gens de la rue et, en tant que descendant d'immigrés juifs, il dut très tôt apprendre à se défendre contre certaines formes d'antisémitisme. Ils déménagèrent plusieurs fois durant son enfance qui fut marquée par la mort tragique de son frère Julius, décédé à l'âge de neuf ans (il fut renversé par un camion) dont le conducteur était ivre). Son second frère, Robert né en 1940, fut tout jeune atteint de schizophrénie et fut suivi médicalement la majeure partie de sa vie.
Passionné par le dessin et le cinéma, il fit ses premiers pas de comédien dès l'âge de quinze ans en participant à un petit groupe théâtral. Il s'engagea dans la marine américaine en 1943, à dix sept ans. Assigné dans un sous-marin affecté dans le Pacifique sud, il rejoignit ensuite la baie de Tockyo où il assista à la signature du document officiel attestant de la fin du second conflit mondial. Il demeura à Guam quelque temps avant de rentrer en Amérique pour y être démobilisé, après trois années passées sous les drapeaux. Il retourna habiter chez ses parents, dans le Bronx, et profita d'un programme spécial mis en place par l'armée pour suivre des courts d'art dramatique. Il décrocha un petit rôle l'année suivante, il fut remarqué par un agent travaillant pour les studios Universal, qui lui fit parvenir un billet d'avion pour la Californie où il signa un contrat de sept ans et participa à un programme de formation destiné aux jeunes acteurs.
Son premier engagement fut une courte apparition dans le film "Pour toi, j'ai tué" (Criss Cross, 1948) du réalisateur Robert Siodmak avec Burt Lancaster. Sous le pseudonyme d'Anthony Curtis, il participa ensuite à plusieurs longs métrages pendant la période 1948-1949 : "Une femme joue sans destin" (The Lady Gambles) de Michael Gordon, "Francis" d'Arthur Lubin....
Il enchaîna avec un film mise en scène par Anthony Mann : "Winchester 73" (1950) avec James Stewart (il y était un soldat de la cavalerie américaine), et "Kansas en feu" (Kansas Raiders, 1949) de Ray Enright avec Audie Murphy dans le rôle principal. Son premier rôle en tant que vedette fut celui d'un jeune prince affrontant les usurpateurs de son trône, sous l'identité d'un bandit, dans "Le Voleur de Tanger" (The Prince Who Was A Thief, 1950) réalisé par Rudolph Mate. Ce premier grand rôle connaîtra une suite sous le titre : "Le Fils d'Ali Baba" (Son Of Ali Baba, 1952) de Kurt Neumann. Ayant apris le maniement du sabre et suivit un entraînement intensif pour réaliser lui-même ses cascades, les critiques virent en lui l'héritier direct de Douglas Fairbanks.
Il fit peu après la connaisssance de Janet Leigh (née Jeanette Helen Morrison en 1927), jeune actrice talentueuse qui avait signé un contrat avec les studios MGM en 1947. Ils se marièrent le 4 juin 1951 à New-York, avec Jerry et Patti Lewis comme témoins. Ils participèrent ensemble à quatre longs métrages dont "Houdini, Le Grand Magicien" (1952) de George Marshall et "Le Chevalier du Roi" (The Black Shield of Falworth, 1954) de Rudolph Mate. Cette même année la carrière de Tony Curtis prit une dimension supplémentaire lorsqu'il obtint le rôle principal de plusieurs films qui lui permirent d'accroître sa popularité et de recevoir d'excellentes critiques.
Dans "La Patrouille infernale" (Beachhead, 1954) de Stuart Heisler, il jouait l'un des quatre soldats d'un détachement américain bloqué sur une île détenue par les forces japonaises puis il incarna le chef d'une bande de criminels ayant détourné les fonds de la société Brinks, en 1950, dans "La Police était au rendez-vous" (Six Bridges to Cross, 1955) du célèbre metteur en scène de séries américaines Joseph Pevney. Il fut aussi un très convaincant royaliste apportant son aide aux nobles emprisonnés et condamnés à la guillotine par Napoléon, dans "Le Cavalier au masque" (The Purple Mask, 1955) de Bruce Humberstone.
Graine de Faubourg (City Across The River, 1948)
Johnny le Mouchard (Johnny Stool Pigeon, 1949) de William Castle
Le Voleur de Tanger (The Prince Who Was A Thief, 1950) de Rudolph Mate
La Voix du coeur (Flesh and Fury,1952) de Joseph Pevney
Le Démon Blond (The All-American, 1953) de Jesse Hibbs
Les Bolides de l'enfer (Johnny Dark, 1953) de George Sherman
Le Chevalier du Roi (The Black Shield of Falworth, 1954) de R.Maté
La Police était au rendez-vous (Six Bridges to Cross, 1954) de Joseph Pevney
Il fut également excellent dans le rôle d'un joueur professionnel accusé à tort d'un meurtre dans "Les Années sauvages" (The Rawhide Years, 1955) de Rudolph Mate. Pendant cette période propice, Tony Curtis aura eu différentes jeunes comédiennes pour partenaires : Joanne Dru, Piper Laurie, Mary Murphy, Lori Nelson et Gloria de Haven. Pendant toute cette période, Tony Curtis s'initie à toutes les disciplines (escrime, boxe, danse...), qui lui permettront d'être physiquement, à même de jouer tous les rôles. C'est ainsi qu'en 1955, il tourne "Trapèze" (1956) orchestré par le talentueux cinéaste britannique Carol Reed et la complicité dans le film de Burt Lancaster et Gina Lollobrigida. Tony Curtis s'entraîne à la voltige. C'est l'un des premiers rôles dramatiques de l'acteur qui essaye de ne pas se laisser enfermer dans des "rôles guimauves", selon sa propre expression. "Comment aurais-je pu imaginer dira-t'il plus tard, que les vingt films qui suivraient la signature de mon contrat seraient des navets?"
La carrière du cinéaste Blake Edwards débuta réellement avec "L'Extravagant Monsieur Cory" (Mister Cory, 1957), même si l'on sait qu'il avait débuté deux ans auparavant. Le film marqua aussi le début de sa collaboration avec Tony Curtis, qui était surtout spécialisé dans les films d'aventures à petit budget. L'acteur, l'un des amis les plus proches du cinéaste, insista pour que Blake Edwards déclarait : "Je crois avoir suivi de près le scénario que j'avais écrit. Quant à ce que j'avais véritablement en tête lors de sa réalisation, je ne saurais le dire, c'est déjà de l'histoire ancienne. Mais sans doute ai-je cherché à atteindre un humour un peu particulier et assez caustique, car sérieux...C'est un point très important, car la vie a beau être pleine de choses fort sérieuses, c'est justement dans les moments les plus pénibles, les plus dramatiques ou tragiques que l'on a toutes les chances d'éclater de rire." Tony Curtis et Blacke Edwards collaboreront encore à trois reprises pour "Vacances à Paris" (The Perfect Furlough, 1958), "Opérations Jupons (1959) et "La Grande course autour du monde" (1965);
L'acteur aborda la télévision à la fin des années cinquante, incarnant un matador revenant sur le devant de la scène après une blessure jugée fatale, dans l'épisode "Cornada" de l'anthologie "General electric theater", un rôle très physique pour lequel il fut entraîné par un véritable professionnel mexicain.
Il revint au cinéma avec la comédie "Le Grand Chantage" (Sweet smell of Success, 1957) d'Alexander Mackendrick . Son rôle, il était un agent de presse new-yorkais sans moralité, engagé par un journaliste interprété par Burt Lancaster, il devait empêcher la soeur de ce dernier d'épouser un musicien de jazz. Tony Curtis considére "Le grand chantage" comme un tournant de sa carrière car le personnage qu'il interprétait tranchait très nettement par rapport à tout ce qu'il avait fait jusque-là, et aussi, parce que le film obtiendra un succès considérable.
Il se rendit en Europe l'année suivante, en compagnie de sa femme, pour le tournage du film "Les Vikings" (The Vikings, 1958) de Richard Fleischer avec Kirk Douglas, son épouse Janet Leigh et Ernest Borgnine. Ils décidèrent d'emmener avec eux leur fille Kelly. C'est l'un des films préférés de Kirk Douglas, dont il est le plus fier et qu'il produisit. Il devait retrouver Tony Curtis dans "Spartacus" en 1960. Les extérieurs furent tournés en Norvège, Grande-Bretagne et en France, à Fort La Latte (les scènes d'invasion Viking).
Tony Curtis produisit avec Sidney Poitier "La Chaîne" (The Defiant Ones, 1958) réalisé par Stanley Kramer. C'est l'histoire de deux jeunes criminels évadés, enchaînés l'un à l'autre, qui parviennent à aplanir leurs divergences. Les deux acteurs furent nominés aux Oscars pour leur performance. Quand Stanley Kramer a voulu tourner le film, il proposa le scénario à Robert Mitchum qui répondit "Je ne veux pas jouer avec un Nègre", puis à Marlon Brando qui déclara "D'accord si on me laisse jouer le Noir". Enfin le cinéaste le montra à Kirk Douglas qui donna son accord à condition de jouer les deux rôles.... (rapporté par Kirk Douglas lui-même dans son entretien paru
Après la naissance de sa seconde fille, Jamie Lee Curtis, le 22 novembre 1958, il décrocha l'un des rôles principaux de "Certaines L'aiment Chaud" (Some like It Hot, 1959) sous la direction de Billy Wilder, qui réussit magistralement cette comédie policière burlesque qui fut un gros succès commercial. Il est d'ailleurs considéré avec "Sept ans de réflexion" du même Billy Wilder comme l'un des sommets de la fulgurante carrière de Marilyn Monroe. La dernière réplique de "Certains l'aiment chaud" contribua pour une bonne part à sa célébrité. Joe E. Brown, amoureux, emmène "Daphné", alias Jerry (Jack Lemmon) toujours travesti, sur son yacht. En vain, après plusieurs tentatives pour décourager les avances du milliardaire par tous les moyens; rien n'y fait. Alors en désespoir de cause, il lui annonce froidement : "Mais je suis un homme !" et son interlocuteur, philosophe, réplique :"Bah ! Personne n'est parfait !".
L'extravagant M. Cory (Mister Cory, 1956) de Blake Edwards
Le Rendez-vous avec une ombre (The Midnight Story, 1957) de Joseph Pevney
Tony Curtis - Janet Leigh - Kirk Douglas
Les Vikings - 1958 - Richard Fleischer
Diables au soleil (Kings Go Forth, 1957) de Delmer Daves
L'une des idoles cinématographiques de Tony Curtis durant sa jeunesse était Cary Grant etl'acteur l'imposa à ses côtés dans la comédie militaire "Opérations Jupons" (Operation Petticoat, 1959) de Blake Edwards. Il rejoignit ensuite la distribution de "Spartacus" (1960) mise en scène par Stanley Kubrich avec Kirk Douglas, Sir Laurence Olivier, Peter Ustinov, Charles Laughton et Jean Simmons. Puis il devint Ferdinand Waldo Demara Jr, un homme d'une grande intelligence capable d'usurper différentes identités, dans "Le Roi des Imposteurs" (The Great Impostor, 1960) de Robert Mulligan avec Karl Malden.
En 1960, Tony Curtis débute à la télévision dans un téléfilm de Ted Post "The Young Jungler". Le coupe Curtis se sépara deux and plus tard, après dix ans d'union et la naissance de leurs deux enfants, Kelly, alors âgée de cinq ans, et Jamie (Lee Curtis) qui n'avait que trois ans. Durant le tournage en Argentine du film "Tarass Boulba" (1962) réalisé par Jack Lee Thompson avec Yul Brynner, il tomba amoureux d'une actrice débutante, Christine Kaufmann, qu'il épousa le 8 février 1963, à Las Vegas.
On retiendra également la participation de Tony Curtis à deux longs métrages, pendant cette même période. L'un dont la mise en scène est signée de Richard Quine "Deux têtes folles" (Paris When It Sizzles, 1962) avec Audrey Hepburn et William Holden. Il s'agissait du remake du film de Julien Duvivier, "La Fête à Henriette". L'autre film, Tony Curtis fait une courte apparition, dissimulé par un maquillage qui le rend méconaissable, dans le rôle d'un joueur d'orgue de barbarie, auprès de Burt Lancaster, Robert Mitchum et Frank Sinatra dans "Le Dernier de la liste" (The List Of Adrian Messenger, 1962) de John Huston.
Après la naissance de sa troisième fille en 1964, il tourna avec sa femme dans la comédie "La Mariée a du chien" (Wild And Wonderful) de Michael Anderson puis avec Natalie Wood dans "Une Vierge sur canapé" (Sex And The Single Girl, 1964) de Richard Quine, il y interprétrait un éditeur de magazines épris d'une pyschologue. Le cinéaste réalisa ce film à la demande de Tony Curtis, lui-même engagé par la Warner pour jouer le journaliste sans scrupules.
Curtis signa ensuite un contrat en faveur de la firme MCA et reprit le chemin des studios en jouant le rôle d'un pilote de course dans "La Grande Course autour du monde" (The Great Race, 1965) de Blake Edwards avec Natalie Wood, puis celui d'un journaliste ayant plusieurs aventures amoureuses à Paris, dans "Boeing Boeing" de John Rich avec Jerry lewis.
L'année suivante, sa quatrième fille, Allegra, vit le jour à Los Angeles. Après avoir incarné Albert DeSalvo, un psychopathe coupable de treize assassinats, dans le film "L'Etrangleur de Boston" (The Boston Strangler, 1968) réalisé par Richard Fleischer qui s'est inspiré d'un volumineux livre-enquête écrit pas Gerold Frank selon des principes similaires à ceux employés par Truman Capote pour son célèbre ouvrage "De Sang-Froid" qui fut finaliser par un film de Richard Brooks. Le critique de cinéma, Robert Benayoun souligna : "Rarement assassin aura été si respectueusement traité" rendant ainsi hommage au ton semi-documentaire de l'oeuvre. Quant à Tony Curtis, il supplia la Fox de lui donner le rôle principal du serial killer. Fleischer a confiance en lui, Curtis va même jusqu'à proposer de travailler pour rien. Il l'obtiendra et sera rémunéré en dessous de ses habituels cachets...
Tony Curtis divorça à nouveau en 1968 au Mexique et démarra une seconde carrière orientée vers la télévision. Il signa un très important contrat pour incarner Danny Wilde dans la série "AMICALEMENT VOTRE", avec Roger Moore, qui relança de manière opportune sa carrière. Il participa à plus de vingt-deux épisodes de la série britannique. Ce fut un succès considérable devenu culte avec le temps...Son fils naquit en 1971 (il décèda en 1994 d'une apoplexie), suivi par un second fils, Benjamin, né en 1973.
Parmi ses meilleures contributions à la télévision, nous retiendrons la courte série "McCoy", où il était un ancien voleur au coeur d'or, et "Vegas", où il apparut de manière épisodique dans le rôle de Philip Roth, propriétaire d'un casino de Las vegas et patron du detective privé Dan Tanna (Robert Urich). Son interprétation du producteur David Selznick dans la minie série "L'histoire de Scarlett O'Hara" lui valut une nomination aux Emmy Awards.
Au cinéma, il tourna dans "Lepke, le caïd" (1974) de Menahem Golan et "Le Dernier Nabad" (The Last Tycoon", 1976) d'Elia Kazan qui réussit une véritable performance, une oeuvre magique. Deux oeuvres qui dénotent dans une filmographie essentiellement composée, à cette époque, de films médiocres lui permettant de payer ses diverses pensions alimentaires. Au début des années 80, il participa aux films "La Puce et le Grincheux" (Little Miss Marker, 1980) de Walter Bernstein avec Walter Matthau, et "Le Miroir se brisa" (The Mirror crak'd, 1981) de Guy Hamilton avec Rock Hudson et Elizabeth Taylor, dans lequel il campait un producteur de cinéma très coléreux.
Il suivit ensuite une cure de désintoxication au Betty Ford Center, en Californie, deux ans après avoir divorcé de Leslie Allen. Son accoutumance à la cocaïne datait d'une dizaine d'années mais il parvint à s'en défaire après trois semaines de soins intensifs et une longue période de convalescence. On le vit ensuite dans le téléfilm "Agatha Christie : meurtre en trois actes (1986) avec Peter Ustinov.
En 1992, Tony Curtis fit la connaissance de Lisa Deutsch et l'épousa à Los Angeles, le 28 février 1993. Cette union fut de courte durée, le couple divorcçant l'année suivante. L'acteur se maria à nouveau en 1998 à Las Vegas, avec Jill Van Den Berg, âgée de vingt-huit ans. Opéré du coeur en avril 1994, il entretient sa forme en suivant un programme d'entraînement physique. Passionné de dessin et de peinture, il a écrit des poèmes durant sa jeunesse et a publié son autobiographie, traduit en français.
Il tourna peu pendant la période des années 2000. Il s'adonna surtout, depuis plusieurs années à la peinture et à la sculpture, ses créations ayant eu les faveurs des critiques spécialisées et d'un public aisé, amateur d'art. Il a exposé ses oeuvres dans des galeries aux Etats-Unis, au Canada et en Europe. Il a reçu le titre de Chevalier de l'Ordre des arts et des lettres pour l'ensemble de sa carrière lors d'un séjour en France.
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Janet Leigh - Kirk Douglas - Tony Curtis
Le Combat du Capitaine Newman (1963)
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