ALFRED HITCHCOCK, LE MAÎTRE DU SUSPENSE (Période Américaine)
ALFRED HITCHCOCK 1899 - 1980
Cinéaste, Scénariste, Producteur, Anglais
Période Américaine
Déjà célèbre par ses premiers films anglais, Alfred Hitchcock a poursuivi aux Etats-Unis une oeuvre qui, malgré son caractère souvent divertissant, exprime une vision du monde pessimiste et parfois féroce.
Peu de cinéastes peuvent prétendre avoir atteint une notoriété personnelle aussi durable et aussi universelle qu'Alfred Hitchcock. Ce dernier, il est vrai, avait le génie de la publicité et savait mieux que quiconque flatter les goûts du grand public, sans pour autant cesser de faire oeuvre indépendante et originale. Dans chacun de ses films, les spectateurs du monde entier guettaient la traditionnelle et toujours savoureuse apparition du cinéaste, clin d'oeil malicieux destiné à entretenir une complicité. Comme on lui demandait quelle était la motivation profonde de son oeuvre, Hitchcock répondu : "Faire souffrir le spectateur."
C'est indéniablement en France qu'il a été le plus passionnément commenté, et aussi le plus controversé. Soutenu sans réserve par les uns, notamment dans "Les Cahiers du cinéma". En 1957, Eric Rohmer et Claude Chabrol publièrent aux Editions Universitaires un "Alfred Hitchcock" dans lequel les deux futurs cinéastes écrivaient : Hitchcock est l'un des plus grands inventeurs de formes de toute l'histoire du cinéma. Seuls, peut-être, Murnau et Eisenstein peuvent, sur ce chapitre, soutenir la comparaison avec lui." Sans doute Rohmer et Chabrol ne s'embarrassaient-ils pas de nuances.
L'oeuvre d'Hitchcock présente une cohérence remarquable, tant sur le plan du style que sur celui de la pensée. Créateur complet, Hitchcock a d'ailleurs dit un jour : "Dans un documentaire, c'est Dieu le metteur en scène, lui qui a crée le matériel de base. Dans un film de fiction, c'est le metteur en scène qui est un dieu, il doit créer la vie."
Hollywood avait sollicité le cinéaste dès 1936, mais il lui fallut attendre 1939, à l'invitation de David O'Selznick, l'heureux producteur d' "Autant en emporte le vent" (Gone With the Wind). Comme indiqué sur le message précèdent (voir Alfred Hitchcock, période anglaise), le premier film américain fut "Rebecca" (1940) qui remporta l'Oscar du meilleur film de l'année.
Hitchcock poursuit dans la voie du succès avec un film destiné à attirer l'attention du public américain sur les dangers du nazisme et à le préparer psychologiquement à une entrée en guerre des Etats-Unis contre l'Allemagne : "Correspondant 17" (Foreign Correspondant, 1940) avec Joel McCrea, Laraine Day et George Sanders. Cet excellent film d'espionnage n'est sans doute pas l'un des plus importants de son auteur. Il réduit en tout cas à néant les accusations absurdes d' Ado Kyrou, selon lesquelles Hitchcock aurait cédé à des tentations fascisantes.
Il enchaîne pour la seule et unique fois de sa carrière, un genre qui n'est pas le sien : la comédie américaine. On notera cependant qu'il tourna au temps du muet deux comédies britanniques : "Laquelle des trois" (The Farmer's Wifz) et "Champagne". Dans "Le Cinéma selon Hitchcock", le réalisateur en raconta la genèse à François Truffaut : "Ce film est né de mon amitié avec Carole Lombard. A ce moment là, elle était mariée à Clark Gable et elle m'a demandé : "Tourneriez-vous un film avec moi?" Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté. J'ai plus ou moins suivi le scénario de Norman Krasna. Comme je ne comprenais pas le genre de personnages qu'on montrait dans ce film, je photographiais les scènes telles qu'elles étaient écrites. Quelques années avant mon arrivée à Hollywood, on avait cité une de mes déclarations : "Tous les acteurs sont du bétail". (...) Lorsque je suis arrivé sur le plateau au premier jour de tournage, Carole Lombard avait fait construire une cage avec trois compartiments, et il y avait à l'intérieur trois jeunes vaches vivantes portant chacune autour du cou un grand disque blanc avec un nom : Carole Lombard, Robert Montgomery et Gene Raymond. Ma remarque n'était pas une généralisation, mais Carole Lombard m'a fait cette réponse spectaculaire, histoire de rigoler. Je crois bien qu'elle était plutôt d'accord avec moi sur le sujet.
Si "Cinquième Colonne" (Saboteur, 1942) et "Lifeboat" (1944) demeurent des oeuvres mineures. Il convient en revanche de s'arrêter sur "Soupçons" (Suspicion, 1941) et sur "L'ombre d'un doute" (Shadow of a Doubt, 1943). Dans ces deux films, en effet, le très catholique Alfred Hitchcock use des ressorts classiques du suspense afin de montrer par quelles failles psychologiques, morales et même sociales le diable peut s'insinuer dans le coeur humain. Le cinéaste ira ainsi très loin dans le dévoilement de certains fantasmes.
Alfred Hitchcock a souvent déclaré de "L'Ombre d'un doute" que c'était son film préféré. Dans ses entretiens avec Truffaut, il a eu l'occasion de nuancer son propos : "Je ne devrais pas dire que "Shadow of a Doubt" est mon film favori. Si je me suis exprimé parfois dans ce sens, c'est parce que je sens que ce film est satisfaisant pour nos amis les vraisemblants, nos amis les logiciens..." S'il garde aussi un bon souvenir du film, c'est aussi parce qu'il y dirigea pour la première fois Joseph Cotten qui allait donner l'une des premières images de personnage "hitchcockien" (c'est une des rares fois qu'un "méchant" est le héros d'un film d'Hitchcock).
Quant à "Lifeboat" (1943), (tourné après "L'Ombre d'un Doute" ), il ne sortit en France qu'en 1956. Il constitue une véritable gageure, se passant uniquement sur un canot de sauvetage que la caméra ne quitte jamais ou ne montre pas de l'extérieur ! C'était un pari, influencé par la guerre... Le canot étant un microcosme de la guerre (in "le cinéma selon Hitchcock" par F. Truffaut). Le film obtint un certain succès à New-York et Tallulah Bankhead, grande actrice de théâtre, reçut le Prix des Critiques new-yorkais pour son interprétation.
Hitchcock désireux contribuer à l'effort de guerre des Alliés, se rend à Londres pour y tourner deux films de court-métrage de propagande axés sur la participation française à la lutte contre le nazisme, "Bon Voyage" (1944) et "Aventure Malgache" (1944). Toujours sous contrat avec le producteur David O'Selznick qui laissa la liberté de travailler avec d'autres compagnies, Hitchcock va renouer avec lui et réaliser "La Maison du Docteur Edwardes" (Spellbound, 1945). Le thème de la culpabilité, particulièrement cher du cinéaste, s'y trouve associé à la pyschanalise, de façon d'ailleurs un peu naïve. Si le film a plutôt mal vieilli et si l'interprétation de Gregory Peck manque singulièrement de subtilité et de profondeur, il n'empêche que "La Maison du Docteur Edwardes" consitue une étape importante dans l'oeuvre américaine d'Hitchcock. En outre, celui-ci avait fait appel à Salvador Dali pour mettre en images les rêves de son personnage : "Quand nous sommes arrivés aux séquences de rêve, j'ai voulu absolument rompre avec la tradition des rêves de cinéma qui sont habituellement brumeux et confus, avec l'écran qui tremble, etc. J'ai demandé à Selznick de s'assurer la collaboration de Salvador Dali. Selznick a accepté mais je suis convaincu qu'il a pensé que je voulais Dali à cause de la publicité que cela nous ferait. La seule raison était ma volonté d'obtenir des rêves très visuels avec des traits aigus et clairs, dans une image plus claire que celle du film justement." ("Le Cinéma selon Hitchcok", Seghers).
Malheureusement, tous les projets de Dali ne purent être retenus. Et surtout, David O'Selznick obligea Hitchcock à les réaliser en studio, et non en lumière naturelle, comme il le souhaitait. Satisfait de l'interprétation, tout en finesse et en intelligence, d'Ingrid Bergman, Hitchcock va la retrouver à l'occasion de son premier authentique chef-d'oeuvre américain, "Les Enchaînés" (Notorious, 1946). Cette fois, le cinéaste a tenu à être son propre producteur, et le film entier est marqué au sceau d'une personnalité subtile, sensible même, l'ironie coutumière d'Hitchcock se parant d'une infinie délicatesse. Les certitues morales et les apparences humaines se déchirent impitoyablement à travers l'amour on ne peut plus troublant qu'un agent secret américain incarné par Cary Grant inspire à la fille (Ingrid Bergman) d'un espion allemand dont il fait sa complice, et celui, non moins troublant, que la jeune femme continue d'inspirer au nazi immigré en Amérique latine (Claude Rains) que l'agent américain cherche à démasquer... Une très belle histoire d'amour tendre et tragique. L'un des plus beaux mélodrames....
Hitchcock ne sera toutefois pas aussi heureux avec "Le Procès Paradine" (The Paradine Case, 1947) troisième et dernier fruit de sa collaboration avec Selznick. Le sujet, dont le cinéaste aurait pu tirer le meilleur parti, est largement gâché par une distribution eu crédible, ainsi que par certaines scènes assez faibles, d'ailleurs imposées par le producteur.
Redevenu, et pour toujours, son propre producteur, Alfred Hitchcock réalise ensuite "La Corde" (The Rope, 1948), un film dont la réputation repose sur une prouesse technique : il donne l'impression d'avoir été tourné en un seul plan. Deux jeunes gens imbus d'idées vaguement nietzschéennes assassinent un camarade qu'ils jugent indigne de vivre. Premier film en couleurs du cinéaste. François Truffaut explique dans son livre "Le Cinéma selon Hitchcock", les plans durent chacun dix minutes, soit la totalité du métrage de pellicule contenue dans un chargeur de caméra. C'est l'unique expérience dans l'histoire du cinéma d'un film entièrement tourné sans interruption à la prise de vues." Pour pouvoir passer d'une bobine à une autre, Hitchcock terminait en gros plan sur, par exemple, le veston d'un personnage et reprenait, au début de la bobine suivante, en gros plan sur le même veston. Le spectateur ne se rendait pas compte de cet artifice de réalisation et demeurait au contraire fasciné par la fluidité de la mise en scène. "Lorsque nous passions d'une pièce à l'autre -raconte Hitchcock -le mur du living-room ou de l'entrée s'évanouissait sur des rails silencieux; les meubles eux aussi, montés sur de petites roues, étaient repoussés au fur et à mesure. C'était réellement un spectacle d'assister à une prise de vues de ce film. A noter qu'il s'agit de la première collaboration entre Alfred Hitchcock et l'acteur James Stewart, lequelle tournera dans "Fenêtre sur cour", "L'homme qui en savait trop" (1956) et "Sueurs froides".
Hitchcock tourna en Angleterre avec Ingrid Bergman et Joseph Cotten dans "Les Amants du Capricorne" (Under Capricorn, 1949). Située dans un univers romantique et feutré, cette oeuvre d'une grande beauté cinématographique a ainsi été résumée par le cinéaste Alexandre Astruc : "Des âmes murées à qui trois siècles ont appris l'imposture du dialogue et le refus hautain de la confession et de l'absolution se retrouvent face à face dans le silence..."
Ce film profondément "hitchcockien" dans son esprit et dans sa forme, en dépit de son genre inhabituel, fut incompris en son temps et boudé par le public, de même que celui qui, toujours réalisé en Angleterre, lui fit suite. Mais à la différence des "Amants du Capricorne", "Le Grand Alibi" (Stage Fright, 1950) n'était guère qu'un exercice de style.
Revenu à Hollywood, Hitchcock va retrouver la faveur du public et de la critique avec un nouveau chef d'oeuvre, "L'Inconnu du Nord-Express" (Strangers on a Train, 1951). L'histoire commence ainsi : dans le train qui le conduit de Washington à New-York, Guy Haines (Farley Granger) fait la connaissance d'un certain Bruno Anthony (Robert Walker) qui lui propose un étrange marché - si Guy accepte de tuer le père de Bruno dont ce dernier veut se débarasser, Bruno supprimera l'épouse de Guy, qui lui refuse le divorce. Bien sûr, Guy Haines refuse de se prêter à cet échange de crimes parfaits, mais après avoir quitté son diabolique interlocuteur, il s'aperçoit avec effroi qu'il lui a laiss son briquet...Tout s'enchaîne, dès lors, avec une précision terrifiante dans ce film adapté d'un roman de Patricia Highsmith, et dont le scénariste n'était autre que le célèbre romancier Raymond Chandler, lequel, en dépit d'une collaboration plutôt orageuse avec Hitchcock, n'en devait pas moins déclarer : "Le point de départ, c'est que, si vous serrez la main d'un fou furieux, vous vendez peut-être votre âme au diable."
Avec "La Loi du Silence" (I Confess, 1952) que le cinéaste ira tourner au Québec, cet univers aux résonances religieuses s'incarnera de façon encore plus évidente. En effet, le héros du film est un prêtre incarné par le talentueux Montgomery Clift aux côtés de Anne Baxter, Karl Malden, Otto E. Hasse et Brian Aherne. Pour se relever de l'échec commercial enregistré par "La Loi du silence", il réalisera d'abord, en relief, une oeuvre de pure distraction à laquelle le cinéaste n'a jamais accordé la moindre importance : "Le Crime était presque parfait" (Dial M for Murder, 1954).
Avec "Fenêtre sur Cour" (Rear Window, 1954), Hitchcock s'est inspiré de deux faits divers : le cas Patrick Mahon et le cas Crippen. Il rapporte dans "le cinéma selon Hitchcock" de Truffaut que dans le premier, l'assassin avait découpé le corps pour le disperser par la portière d'un train mais ne savait que faire de la tête. C'est ce qui dans le film a donné l'idée de faire chercher la tête de la victime. L'autre cas a donné l'idée de l'alliance. L'erreur du Docteur Crippen avait été de faire porter les bijoux de sa femme par sa secrétaire, ce qui bavarder les voisins. Tous ces faits avait été racontés à Hitchcock par l'un des inspecteurs de Scotland Yard chargé des enquêtes. A noter la prestation de James Stewart, Grace Kelly, Thelma Ritter et Raymond Burr plus connu dans la série "L'homme de fer" ou "Perry Mason". Le sujet est à cet égard des plus significatifs : un photographe , la jambe dans le plâtre, est paralysé dans son appartement; il occupe ses loisirs en observant ses voisins au téléobjectif et finit par découvrir des horreurs... Faut-il voir dans ce personnage le double du metteur en scène?
En 1955 sort sur les écrans de cinéma, "La Main au Collet" (To Catch a Thief,1955) avec Cary Grant, Grace Kelly et Charles Vanel. Hitchcock tourna son film en VistaVision, procédé qui n'eut qu'une existence éphémère et que la Paramount utilsa quelques années pour conccurencer le Cinémascope. Le cinéaste Alfred Hitchock déclara que "La Main au collet" était une "comédie un peu nostalgique", "Je sentais que je ne pouvais pas faire un happy-end sans réserves; alors j'ai tourné cette scène autour de l' arbre lorsque Grace Kelly rattrape Cary Grant par la manche. Cary Grant se laisse convaincre, il épousera Grace Kelly, mais la belle-maman viendra vivre avec eux. Ainsi c'est presque une fin tragique". Pour la première fois Hitchcock tournait tous les extérieurs d'un film en France.
Quant à des films comme "Mais qui a tué Harry ? " (The Trouble With Harry, 1956) ou "L'Homme qui en savait trop" (The Man Who Knew Too Much, 1956), remake homonyme du film qu'il avait réalisé en Angleterre, en 1934, ils semblent avoir été quelque part surestimés. Prodigieusement divertissants, supérieurement racontés, mais un peu faciles, ils ne résistent pas à la comparaison avec les deux meilleurs films qu'Alfred Hitchcock ait réalisés au cours de cette période particulièrement féconde : "Fenêtre sur cour" (Rear Window, 1954) et "Le Faux-Coupable" (The Wrong Man, 1957). A noter que dans "L'homme qui en savait trop", le morceau de bravoure du film est bien sûr le concert à l'Albert Hall, qui nous permet de voir Bernard Herrmann, compositeur fétiche d'Hitchcock de 1956 à 1964, diriger la cantate "Storm Cloud" à la tête du London Symphony Orchestra. Le slogan du film fut d'ailleurs : "Un coup de cymbales peut changer la vie de toute une famille..." -"Que sera sera" interprété par Doris Day, obtint l'Oscar de la meilleure chanson.
Dans "Le Faux Coupable", Hitchcock renonce à toute espèce de séduction cinématographique. Le thème de la culpabilité, ou plus exactement de la relativité de l'innocence, y est traité avec d'autant plus de force que la réalisation, admirablement servie par l'interprétation sobre et éteinte d'Henry Fonda, est empreinte d'une rare gravité. Le film a parfois la nudité et la simplicité d'un documentaire. L'historien de cinéma Noël Simsolo peut alors conclure : "Avec ce film, Hitchcock réapprend tout le cinéma. Il repart à zéro, équilibrant dans la rigueur et la lenteur ce qui autrefois était rythme et brio. Cela lui permet de se préparer à projeter son oeuvre au-delà de la réalité. Il va devenir un monteur d'ombres puissant dont les secrets esthétiques seront de plus en plus inaccessibles.
Dans la filmographie d'Hitchcock, "Sueurs Froides" (Vertigo, 1958) est considéré comme le premier volet d'une trilogie qui aura pour suite "La Mort aux Trousses" ( North by Northwest, 1959) et "Psychose" (Psycho, 1960). C'est Vera Miles qui avait été pressenti pour incarner le double rôle de Madeleine et July mais celle-ci tomba enceinte et fut remplacée par Kim Novak avec laquelle il ne s'entendit pas très bien car elle n'avait pas les mêmes idées sur le film. Le film inaugura une astuce technique jamais utilisée auparavant pour donner l'effet de vertige et l'impression que tout le décors s'éloigne du personnage : Hitchcock eut l'idée de mêler un travelling arrière à un zoom avant dans la cage d'exalier. Pour des raisons d'économie et puisque aucun personnage n'était dans ce fameux plan, celle-ci fut reconstitués en maquette et placée à l'horizontale.
L'une des scènes les plus extraordinaires de "La Mort aux trousses" est celle où Cary Grant échappe à un attentat commis en rase campagne par un avion de tourisme. Voici comment Hitchcock justifie lui-même l'existence de cette séquence invraisemblable et de plus totalement gratuite sur le plan dramatique : "J'ai voulu réagir contre un vieux cliché : l'homme qui s'est rendu dans un endroit où probablement il va être tué. Maintenant qu'est-ce qui se pratique habituellement? Une nuit noire à un carrefour étroit de la ville. La victime attend, debout dans le halo d'un réverbère. La pavé encore mouillé par une pluie récente. Un gros plan d'un chat noir courant furtivement le long d'un mur. Un plan d'une fenêtre avec, à la dérobée, le visage de quelqu'un tirant le rideau pour regarder au-dehors. L'approche lente d'une limousine noire, etc. Je me suis demandé : quel serait le contraire de cette scène? Une plaine déserte, en plein soleil, ni musique, ni chat noir, ni visage mystérieux derrière les fenêtres!" (Le Cinéma selon Hitchcock) Editions Robert Laffont -1966. A noter les prestations de Cary Grant, Eva Marie Saint, James Mason, Leo G. Carroll et Martin Landau.
Avec "Les Oiseaux" (The Birds, 1963), le réel laisse la place à l'abstraction : dans la mise en scène d'Hitchcock, les êtres et les choses accèdent désormais à une valeur symbolique, voire mythique. Le maître du suspense débouche sur le fantastique.
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* Simone Signoret 25ème anniversaire de sa disparition
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