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CINETOM
1 juillet 2010

DÉCÈS DU COMÉDIEN, RÉALISATEUR BERNARD GIRAUDEAU

         DÉCÈS DU COMÉDIEN, RÉALISATEUR , ECRIVAIN             

     BERNARD GIRAUDEAU             1947  -  2010

 

     Bernard Giraudeau

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Bernard Giraudeau est mort ce samedi 17 juillet 2010 à 7 heures du matin, dans un hôpital parisien. Comédien, réalisateur, écrivain , né à La Rochelle (Charentes-Maritimes) le 18 juin 1947, il a interprété avec une remarquable aisance les séducteurs romantiques de comédies et parfois des rôles tragiques, avant de s'interesser à la mise en scène avec succès, puis à  l'écriture. Depuis 10 ans, il luttait contre le cancer, d'abord du rein puis du poumon.

Enfant instable, adolescent faisant les quatre cents coups, il cherche sa voix, exerce tous les métiers (marin dès l'âge de quinze ans, il travaille ensuite en usine), fait le tour du monde sur le "Marie-Jeanne", puis aborde le spectacle par l'intermédiaire de la Maison de la culture de la Rochelle pour laquelle il transporte les décors de la compagnie théâtrale. On ne tarde pas à lui confier de petits rôles et il obtient la révélation en jouant dans "La Baladin du Monde Occidental" de Synge, s'inscrivant par ailleurs à un cours de danse classique. "La danse, la comédie, ça a changé ma vie", dit-il.deux_hommes_dans_la_ville01 

En 1970, Bernard Giraudeau est à Grenoble où il joue "Tard dans la nuit", puis monte à Paris l'année suivante. Il débute au théâtre dans "Pauvre France", apparaît dans quelques dramatiques à la télévision : "La Porteuse de pain" (1971), "Les Justes" (1972), "Les Mohicans de Paris" (1974), "Histoire de Pise" (1975), "Louis XI" (1978) ou "Blanc, Bleu, Rouge" (1979). Puis obtient son premier rôle au cinéma dans "Deux Hommes dans la ville" (1973), grâce à José Giovanni qui le remarque au théâtre et le fait auditionner avec Delon et Gabin. On le revoit au théâtre, où il est l'interprète de : "La Camisole" (1972), "La Reine de Cécarée" (1973), "Pourquoi la robe d'Anna ne veut pas redescendre" (1974), "Sur le fil" et "Le Prince de Hambourg" (1975).

          Bernard Giraudeau - Alain Delon - Jean Gabin "Deux Hommes dans la ville"

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En 1974, Bernard Giraudeau entre au Conservatoire et en ressort avec un premier prix de comédie classique et moderne. De 1975 à 1977, le cinéma le réclame, ce fut "Le Gitan" (1975) à nouveau réalisé par José Giovanni avec Alain Delon, Paul Meurisse et Annie Girardot. Puis c'est au tour d'Yves Boisset de le diriger au côté de Patrick Dewaere.    

Mais ce n'est qu'en 1979, grâce au succès de "Et la Tendresse, Bordel ! " et à celui de la comédie musicale "Attention fragile" qu'il monte à la même époque avec Anny Duperey (devenu sa femme), que le grand public le découvre. D'autant que son rôle dans "Le Toubib" (1979) de Pierre Granier-Deferre au côté d'Alain Delon, lui vaut le César du meilleur second rôle masculin.

Bernard Giraudeau enchaîne les succès, il incarne le professeur de Sophie Marceau dans "La Boum" (1980) réalisé par Claude Pinoteau avec Brigitte Fossey et Claude Brasseur. Il est à l'affiche en 1981 dans "Viens chez moi, j'habite chez une copine" mise en scène par Patrice Leconte avec Michel Blanc, Thérèse Liotard et Marie-Anne Chazel.

Très vite, Bernard Giraudeau est catalogué dans les rôles de jeune homme sympathique dont il cherchera peu à peu à se débarasser. Il obtient le premier rôle dans un film à costumes réalisé par Ettore Scola : "Passion d'Amour" qui déclara - C'est un film en costumes, mais seuls les costumes sont d' époque, les idées, les passions restent contemporaines. Encore une fois, j'ai voulu raconter non pas les privilégiés mais les humiliés : zonards, émigrés, homosexuels, ou comme ici, une femme mortifiée à cause de sa laideur. La laideur demeure pour tant de femmes une grande douleur, une condamnation à être en marge, à ne pas vivre...

Bernard Giraudeau participe au film "Hécate" (1982) de Daniel Schmid, qui a  été primé par la Fondation Philip Morris pour le cinéma. Il parvient vraiment à casser son image de jeune séducteur en incarnant un traître dans "Le Grand Pardon" (1982) d'Alexandre Arcady avec Roger Hanin, Jean-Louis Trintignant, Richard Berry et Anny Duperey. Quelques temps auparavant, Giraudeau s'entoure de Brigitte Fossey et Carole Laure dans "Croque la vie", une brillante comédie signé par Jean-Charles Tacchela, célèbre cinéaste à qui l'on doit "Cousin, Cousine".

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C'est avec "Rue Barbare" (1984) qu'il parvient à s'inposer définitivement. Le roman de David Goodis "Epaves" dont est tiré le film, date des années 50, et pour leur adaptation, le réalisateur Gilles Béhat et le scénariste Jean Herman déclarent avoir mis l'accent sur ce qui est le plus flagrant chez Goodis, à savoir la parabole sur la violence, et avoir fait un film dont l'action pourrait se situer n'importe où -une banlieue de Paris, de Londres ou de Hambourg. En 1983, Giraudeau est heureux de retourner au théâtre donner la réplique à Claude Rich dans "K2" de Patrick Meyers, mis en scène par Georges Wilson, de septembre 83 à avril 84. C'est vrai, dit-il, que j'ai envie, comme tous les comédiens, de plaire. Mais, j'ai aussi envie de faire des choses que j'aime, qui me permettront une communication avec le public...je veux continuer à être le plus éclectique possible, à changer de rôle, d'univers" (in Première no70/janvier 83).

C'est sur la plage privée de "Tahiti" à Saint-Tropez que fut tourné "L'Année des Méduses" (1984) réalisé par Christopher Frank avec Bernard Giraudeau dans un rôle machiavélique). "Les Spécialistes" de Patrice Leconte, dont il est l'interprète, en 1985, aux côtés de Gérard Lanvin, confirme son succès auprès du grand public: plus d'un million d'entrées, à Paris, en dix semaines !. Puis il retrouve le cinéaste Gilles Béhat pour le tournage en Argentine, du film "Les Longs Manteaux" (1986).  Il découvre une nouvelle palette de personnages, ce qui lui vaudra, avec ses prestations dans "Poussières d'Ange" (1986) qui est le second long métrage d'Edouard Niermans et "L'homme voilé"(1987) qui est le troisième long métrage de Marou Bagdali. Cela lui vaut la reconnaissance du public et du milieu.

Au début des années 1980, il passe derrière la caméra. Après "La Face de l'ogre", téléfilm dans lequel il met en scène celle qui est alors sa compagne, Anny Duperey - avec qui il aura une fille, Sara, révélation féminine des Molières en 2007 -, il tourne deux longs-métrages qui témoignent de son goût pour le voyage et l'aventure : "L'autre" (1990), d'après le roman d'Andrée Chedid, puis "Les Caprices d'un fleuve" (1996) dont le tournage se situa au Sénégal et dont l'action évoque la colonistation française de cette région à la fin du XVIIIème siècle. Bernard Giraudeau  confia à Télérama : "C'est un rôle qu'on m'avait proposé il y a une dizaine d'années. Le film s'appelait "Le Marquis" et s'inspirait de la vie du chevalier de Boufflers, un noble venu à Gorée en 1786, qui a laissé une abondante correspondance avec sa maîtresse, la comtesse de Sabran. Sans être abolitionniste, Boufflers s'est un penché sur le problème des noirs. Je trouvais l'idée à creuser."

Loin d'avoir abandonné les planches, il trouve dans les années 1990 quelques-uns de ses rôles les plus marquants. Le public le redécouvre ainsi en prof homo dans "Le Fils préféré"(1994) une réussite de Nicole Garcia en tant que metteur en scène,  il est aussi l' abbé poudré dans " "Ridicule" (1996) de Patrice Leconte ou encore en manipulateur dans "Une affaire de goût"(2000). orchestré par la réalisation du journaliste-cinéaste Bernard Rapp. L'acteur connaît donc un second souffle, rapidement freiné.

En 2000, il apprend qu'il est atteint d'un cancer. "Le cancer est arrivé, je n'étais pas étonné", confie-t-il, en mai dernier, dans une interview émouvante au quotidien Libération. Loin d'être fataliste, Bernard Giraudeau prend cette maladie comme un signal, "peut-être un message, un questionnement".

C'est d'abord avec et pour les autres qu'il combat, malgré sa fatigue, due à ses quatre rechutes et à autant d'opérations. Il lance sur le site La Maison du cancer  une initiative originale : "On ira tous à l'hôpital". Un portail où il parle, témoigne, échange, où il dénonce aussi, s'interroge sur le nombre croissant de cancers, sur le mode de vie ou sur les institutions. "Le cancer échappe à tout le monde, aux scientifiques, aux médecins, mais il n'échappe pas au patient", déclare-t-il à Libération.

Son combat, c'est aussi de et à l'intérieur qu'il le mène. Et c'est par les mots qu'il mène son introspection. Accompagné de sa fidèle compagne de route, cette souffrance qui vous "permet de ne plus rien faire", il entreprend un voyage littéraire, immobile et solitaire. Des récits au long cours, appréciés par la critique, par les lecteurs. Des Dames de nage  vendu à plus de 100.000 exemplaires, à Cher amour, prix Mac Orlan 2009. Dans ses deux oeuvres, il revient sur son existence frénétique. Elle lui aura finalement appris sagesse et amour.

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Commentaires
I
Très bel hommage avec cet article qui nous renvoit à tant de souvenirs cinématographiques...
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CINETOM
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