JAMES DEAN , L'HOMME ENFANT
JAMES DEAN 1931 - 1955
Acteur Américain
Deux grands films avaient suffi à faire de James Dean l'interprète inspiré des angoisses et des inquiétudes de la jeunesse américaine. Guidé par un instinct tragique et capricieux, son talent n'a jamais été égalé. Sa mort brutale à l'âge de 24 ans l'a fait entrer dans la mythologie du septième art. Sa légende s'empare de lui, un culte hystérique digne de celui voué à Rudolph Valentino
"Le drame de sa vie, c'était le conflit permanent entre le désir et la peur, un conflit apparu très tôt entre sa formidable impatience et son manque de confiance en soi". Nicholas Ray
___________________
Acteur américain, né le 8 février 1931, à Marion dans l'Indiana. James Dean disparait à l'age de 24 ans, d'un accident automobile. La mort de James Dean appartient désormais à la légende. Le 30 septembre 1955, le jeune comédien se rendait au volant de sa Porsche à une course automobile à laquelle il voulait participer...Il venait d'achever le tournage du film "Géant". A un carrefour de deux autoroutes, au sud de San Francisco, sa voiture lancée à pleine vitesse s'est jetée sur celle d'un étudiant dont on a dit qu'il venait d'assister à la projection de l'un de ses films. Touché à la colonne vertébrale, James Dean devait succomber peu après à ses blessures. Abondonnée quelques jours aux abords du fatal carrefour, la Porsche fut alors l'objet d'une douteuse dévotion : pour 25 cents, les admirateurs de la vedette pouvaient toucher la relique et même s'asseoir sur le siège ensanglanté...
James Byron Dean était le fils de Winton Dean, un mécanicien-dentiste et de Mildred Wilson, fille de fermiers méthodistes. La mère de James Dean consacre la majeure partie de son temps à son fils unique. En 1936, sa famille s'installe à Los Angeles mais sa mère meurt alors que James n'avait que neuf ans. Cette disparition est une épreuve terrible pour le petit Jimmy,celui-ci est recueilli par son oncle et sa tante qui exploitent une ferme à Fairmount.
La dure épreuve du décès de sa mère traumatise l'enfant et l'on décèlera des troubles du comportement et un énorme manque affectif qui seront significatifs à l'adolescence. Durant plusieurs années il y pratiquera l'élevage, l'équitation et la chasse. En 1945, il fréquente la " Fairmount High School" et, malgré une myopie qui l'a rendu inapte au service militaire actif, se distingue dans l'équipe de base-ball et de basket du collège et remporte la médaille du meilleur athlète. Il se passionne pour l'astrologie et les voitures de courses. En 1949, il se présente, en amateur, au concours d'art dramatique de l'état d'Indiana et remporte un prix pour la meilleure expression dramatique. Couvert d'honneurs comme acteur amateur et sacré meilleur athlète, Jimmy s'en va étudier le droit en Californie au Santa Monica Collège, et vivre aux côtés de son père, qui s'est remarié. Puis il s'inscrit à l'Université de Californie, à Los Angeles, pour préparer une licence en droit mais abandonne peu après. L'anne suivante, il s'inscrit à UCLA pour y suivre des courts d'art dramatique et s'installe chez son ami et futur biographe, Bill Bast, qui indiquera par la suite, que James Dean était un garçon tourmenté, dépressif, et s'incommodant de ses sautes d'humeur...
James Dean voulait très vite faire une carrière de comédien : cette vocation est ancrée au plus profond de sa personnalité. Pour lui comme pour beaucoup d'autres comédiens, le mensonge et la simulation étaient le seul moyen d'atteindre la plus grande lucidité et l'introspection. Mais surtout, le besoin de jouer correspondait, chez lui, à une sorte de faille existentielle.
Durant l'automne 1950, il suit des cours de théâtre dispensés par le comédien James Whitmore. Le style de la formation s'apparente à celle de la "methode" du célèbre Actor's Studio. En octobre 1950, on l'aperçoit dans la pièce "Macbeth", ou il tient le rôle de Malcom. Dès mars 1951, il obtient l'interprétation de l'apôtre Jean dans un téléfilm "La colline numéro un" (Hill number one).
James Dean obtient des petits rôles à la télévision et fait de la figuration au cinéma: "Baïonnette au canon"" (1951) un admirable film de guerre signé par Samuel Fuller avec Richard Basehart; "La Polka des marins" (1951) mise en scène par Hal Walker avec Dean Martin et Jerry Lewis. Jimmy se laisse gagner par la déprime et mène parfois une vie de bohème. Son co-locataire et ami Bill Bast quitte l'appartement, ce qui en résulte par le départ de l'acteur qui préfère s'installer chez Roger Brackett, publicitaire et homme de radio. James Dean s'interesse aussi à la tauromachie, il joue du bongo et quelques temps plus tard s'initiera à la photographie.
En septembre 1951, encouragé par James Whitmore, homme de théâtre a s'installé à New York, et trouve des petits rôles dont "Prologue to glory" (émission de télévision produite par la US Steel Hour). Après avoir longtemps hésité, il passe finalement à l'"Actor's Studio" ou il ne fera qu'un bref passage, étant donné que ses relations avec Lee Strasberg n'étant pas des meilleurs. Mise à part sa participation dans "Qui donc a vu Ma Belle?" (1952) de Douglas Sirk avec Charles Coburn, Jimmy Dean connait des mois difficiles.
En 1952, Jimmy obtient le rôle de Wally Wilking dans "See the Jaguar"de Richard Wash, ou il interpréte un adolescent séquestré dans une cage. La pièce s'achève après seulement quatre représentations. Cela n'a pas empêché la critique de remarquer la prestation du jeune acteur et de le lui dire.
Santa Monica College 1951
Macbeth: 1950
Hill Number One -1951
Has Anybody Seen My Gal -1952
See The Jaguar avec Arthur Kennedy 1952
A la fin de l'année 1953, il remonte sur les planches de Broadway, il joue dans " The Immoralist " ,d'après le roman d'André Gide aux côtés de Louis Jourdan et Géraldine Page, qui lui vaudra le titre de " Meilleur Nouvel Acteur de l'Armée". Dans "A long time till Dawn" (1953) ou "I am a Fool" (1954), ou il tient la vedette aux côtés de Natalie Wood et Eddie Albert, ses improvisations ont soulevé l'enthousiasme des metteurs en scène, au grand dam de ses partenaires qu'il réduisait au rang de faire-valoir. Bousculant le texte et le plan de travail, il introduisait de véritables bouffées de réalité et de lyrisme par ses envolées inspirées. The Immoralist
A la même époque, Elia Kazan qui vient de diriger Marlon Brando dans "Un tramway nommé dési" se laisse dire que Jimmy correspond en tout point au personnage de Cal pour son prochain film, --"A l'Est d'Eden" (1954 - East of Eden). Elia Kazan l'engage pour jouer le premier rôle du roman de John Steinbeck, avec Julie Harris et Raymond Massey. Le tournage se passe plus ou moins bien mise à part que Jimmy se comporte mal à l'égard des personnes influantes à Hollywood. La collaboration avec l'actrice Julie Harris se déroule dans de bonnes conditions contrairement à Raymond Massey qui laisse éclater sa colère même en dehors de la scène de tournage. James Dean déclara "Toute personne névrosée a besoin de s'exprimer, ma névrose se manifeste dans le théâtre. Pourquoi devient-on acteur?. Pour laisser libre cours à ses fantasmes.". En adaptant très librement le roman de Steinbeck, Kazan compris que Dean s'était totalement identifié à la révolte de son personnage et à son sentiment d'être ignoré et incompris. Prêt à tout pour se faire aimer de son père, le jeune héros d'"A l'est d'Eden" est sans doute l'un des plus authentiques romantiques de tout le cinéma américain. Adoptant sans réserve le point de vue de l'adolescent, le film constitue un hymne à la gloire de l'esprit d'enfance. Quant à la caméra, elle se montre des plus complaisantes à l'égard de James Dean et le rythme du film paraît singulièrement affecté par son inspiration; à laquelle Elia Kazan semble avoir laissé le champ libre.... Du jour au lendemain il devient célèbre. Le film fut un énorme succès ....
Avec Louis Jourdan
Pendant le tournage : Elia Kazan - Raymond Massey -James Dean
La génération qui devait suivre ses pas allait compter non seulement Paul Newman, Dennis Hopper et Steve McQueen mais également Elvis Presley. James Dean avait incarné pour la première fois les angoisses, les désirs et les refus d'une jeunesse américaine consciente de son identité et de sa singularité dans un monde dont elle ne tarderait guère à contester globalement les valeurs et les traditions. Quand la Warner a annoncé le tournage de "La Fureur de vivre" (Rebel Without a cause -1955), elle croyait miser sur l'impact que les phénomènes de délinquance juvénile avaient sur la société américaine.
En fait,le désenchantement dont James Dean s'était fait l'interprète dans ce film, allait beaucoup plus loin : il présageait la crise morale des années 60 et le drame de la guerre du Viet-Nam. A cet égard "La Fureur de vivre" avait une indéniable valeur prémonitoire et débordait largement le cadre scolaire dans lequel se déroulait le récit. Pour le cinéaste Nicholas Ray, il ne s'agissait rien moins en effet, que d'exprimer une insatisfaction profonde à l'endroit d'une civilisation incapable de donner aux jeunes des raisons de vivre, et le cinéaste fut proprement stupéfait par la facilité et la spontanéité avec lesquelles James Dean avait donné corps à ses propres préoccupations, tenant à son sujet des propos particulièrement perspicaces : "Le conflit entre le désir de se donner et la crainte de céder à ses sentiments...Une vulnérablité si profonde que l'on en était presque bouleversé...Depuis l'enfance, il était déchiré entre des impulsions violentes et une grande circonspection..." Il n'est pas exagéré aujourd'hui de dire que l'acteur a bouleversé le metteur en scène et cristallisé ses intuitions : jamais Nicholas Ray ne réalisera une oeuvre aussi aboutie.
Les rapports entre Jimmy Dean et Natalie Wood sont des meilleurs, l'actrice se comporte à son égard comme une grande soeur, comme l'a fait précèdemment Julie Harris dans "A l'est d'Eden". De la position foetale dans laquelle il apparaît au début du film jusqu'à son agonie grandiloquente, James Dean ressemble à un être venu du passé ou de quelque lointaine planète, jetant sur le monde un regard d'une lucidité tragique.
Avec Nicholas Ray
James Dean achève sa carrière cinématographique avec "Géant" (1956) de George Stevens, d'après le roman d'Edna Ferber, avec Elizabeth Taylor et Rock Hudson. Les deux derniers films de James Dean ne furent présentés qu'après sa mort tragique survenue dans un accident d'automobile, le 30 septembre 1955, sur la route de Salinas, dans le désert de Californie. C'est le début de la légende...
Bien des années après le tournage de "Géant", le cinéaste George Stevens s'est reproché de n'avoir pas laissé plus de liberté à James Dean. Il n'en demeure pas moins que les meilleurs scènes de ce film sont précisémment celles ou James Dean fait éclater le cadre somme tout fort académique et conventionnel du récit, comme lorsqu'il arpente ses terres ou qu'il patauge dans le pétrole...
François Truffaut écrit : "Il s'agit d'autre chose, d'un jeu poétique qui autorise toutes les libertés - et même les encourage. Jouer juste ou jouer faux, ces deux expressions n'ont plus de sens avec Dean, puisqu'on attend de lui une surprise de tous les intants....En James Dean tout est grâce, et dans tous les sens du mot...Dean ne fait pas mieux que les autres, il fait autre chose qui est le contraire et le pare d'un prestige qu'il conserve dès lors jusqu'à la fin du film." (Les Films de ma vie).
La mort de James Dean allait provoquer une vague d'idolâtrie proprement dite aux Etats-Unis. A la fin de l'année 1956, près d'une centaine de clubs d'admirateurs regroupaient 3 800 000 adhérents. Et pendant les vacances de cette même année, plus de 150 000 "pélerins", vinrent se recueillir devant la tombe de leur dieu, à Fairmount.
En 1958, Xavier Grall livra un superbe portrait de l'acteur : "J'ai sous les yeux tout un paquet de photos de James Byron au moment de son entrée dans ce monde étrange, bigarré, mouvant qu'est le monde du cinéma. Ce qui ne frappe d'abord, c'est la beauté de ce visage. Les cheveux blonds, abondants, hirsutes couvrent les oreilles, car celui qui les porte déteste les coiffeurs. Les lèvres sont épaisses, rouges, sensuelles. Les traits sont fins, réguliers, grecs. Il y a dans ce visage une sorte de pureté presque paienne, quelque chose de sauvage, aussi, et de jamais vu, jamais rencontré. Je comprends maintenant que ce jeune homme ait tant plu aux femmes. Elles lisaient sur ce visage doré par la Californie la fureur et la force et elles y voyaient aussi un certain sourire qu'elles n'avaient jamais vu : en même temps charmeur et amer, moqueur et généreux."
Pour Xavier Grall, James Dean incarnait la même révolte que celle qui avait nourri Arthur Rimbaud. Au terme d'un lumineux parallèle entre l'interprète de "La fureur de vivre" et l'auteur d'"une saison en enfer", le poète breton écrit : ce qui demeure et ce qui nous émeut, c'est encore l'extrême grandeur de l'âme humaine, son inquiétude recommencée et sa faim, sa soif d'absolu incarné par deux adolescents d'Amérique et de France. A travers le temps, par-dessus l'espace, l'homme malgré tout, à travers les fluctuations, reste l'homme, et l'adolescent est là pour nous le rappeler. Age dur et doux, âge de l'amour et de la liberté, le plus bel âge de l'homme peut-être, âge de son dernier sursaut avant son engourdissement dans le pratique et le banal.
_______________________________________________
Avec George Stevens
En 1957, "L'Histoire de James Dean" (The James Dean's Story), un film de montage et d'interviews, produit et réalisé par Georges W. George et Robert Altman, retraçait la carrière de James Dean. "James Dean Story" (titre... français de James Dean : the first american teenager) est un film réalisé par Ray Connolly (1975), comprenant des interviews de Natalie Wood, Dennis Hopper, Carroll Baker, Nicholas Ray, etc. ainsi que des extraits de "A l'est d'Eden", de "La Fureur de vivre et de Géant". En 1976, Robert Butler signe pour la télévision américaine, un téléfilm intitulé "James Dean", où Stephen McHattie incarnait James Dean. "September 30, 1955", réalisé en 1977, n'est autre qu'un film qui témoigne, à partir de la date de la mort de James Dean, des réactions émotionnelles de son auteur, Jim Bridges. "Reviens, James Dean, reviens" (Come back to the 5 and Dime, Jimmy Dean, Jimmy Dean), de Robert Altman (1982), d'après une pièce de Ed Graczyk, évoque vingt ans après la mort de James Dean, la réunion de quelques membres de son Fan Club dans la petite ville texane de McCarthy, près de l'endroit où fut tourné le film "GÉANT", avec Sandy Dennis, Cher et Karen Black.
__________________________________
Passions pour la photographie mais également la tauromachie....
Avec Sal Mineo
Ultime photo de James Dean vivant, peu de temps avant l'accident
Avec Elizabeth Taylor, son amie
Avec Ursula Andress
Avec Ronald Reagan et Pier Angeli
Burl Ives
____________________________________
____________________________________________
Filmographie
- 1951
BAIONNETTE AU CANON (Fixed Bayonets, Samuel Fuller).
- 1952
LA POLKA DES MARINS (Sailor Beware, Hal Walker).
- 1953
QUI DONC A VU MA BELLE ? (Has Anybody seen my Gal ?, Douglas Sirk).
- 1955
A L'EST D'EDEN (East of Eden, Elia Kazan).
- 1955
LA FUREUR DE VIVRE (Rebel without a Cause, Nicholas Ray).
- 1956
GÉANT (Giant, George Stevens).
_______________