CLAUDE SAUTET, LES CHOSES DE LA VIE
CLAUDE SAUTET 1924 - 2000
Cinéaste, Scénariste, Dialoguiste Français
Un cinéaste hors pair, qui a su nous émouvoir avec des films mélancoliques, parfois novateurs. Il a su mettre en scène Romy Schneider comment aucuns autres metteurs en scène. C'est à Montrouge qu'il voit le jour le 23 février 1924. Une grand-mère cinéphile lui donne très tôt la passion du cinéma, et l'envie d'en faire un métier.
Claude Sautet se destinait d'abord à la peinture et à la sculpture, peintre de décors, à l'occasion comédien, et il fait un passage éclair aux Arts décoratifs. Pendant la guerre, sa rencontre fortuite avec un monteur de film lui permet de faire son premier stage de montage. Il est par ailleurs passionné de musique et va, pendant quelque temps, exercer la fonction de critique musical dans les colonnes de "Combat".
Il entre à l'I.D.H.E.C. (Institut des hautes études cinématographiques) en 1946 et, deux ans après, il fait ses premiers pas au cinéma en tant qu'assistant de Carlo Rim, Yves Robert et Georges Franju. De 1958 à 1970, adaptateur et scénariste fécond, il travaille, entre autres pour Franju "Les Yeux sans visage", Jacques Deray "Symphonie pour un massacre" et "Borsalino", Louis Malle "Le Voleur" etc.
Après sa première réalisation en 1955 dans "Bonjour Sourire", œuvrette oubliée, Sautet débute vraiment dans la réalisation avec "Classe tout risques" (1960), un polar interprétée par Lino Ventura et Jean-Paul Belmondo, où il se signale d'emblée comme un bon artisan du film d'action. Tiré d'un roman de José Giovanni, qui collabore au scénario avec Sautet et Pascal Jardin, "Classe tout risques" se démarque par sa sobriété et par l'intensité de son climat de la production courante française en matière de thriller. Sortie à une époque où la critique n'a d'yeux que pour les jeunes loups de la nouvelle vague, cette histoire de vengeance, passe presque inaperçue malgré les excellentes compositions de Ventura et Belmondo.
Tout en poursuivant son activité de scénariste, en 1964 Sautet puise à nouveau dans la "Série Noire", en l'occurrence un roman de Charles Williams, pour réaliser "L'Arme à gauche" dont il confie le rôle principal à Lino Ventura. Avec ce film d'aventures policières dont l'action se situe presque entièrement sur un bateau, Sautet confirme son savoir-faire tant dans la mise en scène que dans la direction d'acteurs. Il lui faut pourtant attendre plus de cinq ans avant de réaliser un nouveau film, qui marque un brusque changement d'inspiration. Rompant en effet avec le thriller, Claude Sautet se fait avec "Les Choses de la vie" (1969), le chroniqueur d'une certaine société française, celle de la bourgeoisie aisée de la capitale. Adaptation d'un roman de Paul Guimard, qui travaille au scénario avec Claude Sautet et Jean-Loup Dabadie, "Les Choses de la vie" est un grand succès public, notamment grâce à la superbe interprétation du couple Romy Schneider-Michel Piccoli. La critique quant à elle est sensible à la construction parfaitement maîtrisée de cette tragédie contemporaine. Victime d'un accident de la route, un riche industriel, partagé entre sa jeune maîtresse et sa femme qu'il ne peut oublier, voit défiler, l'espace de son agonie, toute sa vie, somme de petits et grands bonheurs, de vanité et d'erreurs. Claude Sautet maintient parfaitement l'unité entre les scènes du présent et l'émergence des souvenirs par une très habile utilisation du flash-back et du ralenti.
Après cet essai réussi dans l'analyse des crises et peines de cœur d'un bourgeois quadragénaire, Claude Sautet revient pourtant au film policier de ses débuts avec "Max et les ferrailleurs" (1971), occasion d'un nouveau superbe duo entre Michel Piccoli et Romy Schneider, admirable et touchante égérie d'une bande de petits malfrats de la zone parisienne.
Dans les films suivants, toutefois, Claude Sautet ne s'écarte plus du genre qu'il affectionne : la tranche de vie, finement observée, de quadragénaires cheminant plus ou moins douloureusement entre l'évasion dominicale à la maison de campagne et les aventures sentimentales. A cet égard, "César et Rosalie" (1972) et "Vincent, François, Paul... et les autres" (1974) en sont deux exemples particulièrement représentatifs.
Bien écrits, le premier avec Jean-Loup Dabadie; le second avec Claude Néron, bien construits, subtilement dirigés, toujours servis par des interprètes remarquables : Yves Montand, Romy Schneider, Michel Piccoli, Serge Reggiani, Gérard Depardieu, très représentatifs d'un certain cinéma français, ces films sont de grandes réussites tant par la justesse de ton que par la limpidité de la mise en scène.
Subtil portraitiste, Sautet l'est tout autant vis-à-vis de hommes que des femmes, comme on peut le constater dans "Mado" (1976) et plus encore dans "Une Histoire simple" (1978), qui, comme l'indique le titre, est une chronique des problèmes les plus quotidiens de la société contemporaine. Dans "Un Mauvais fils" (1980), interprété par Patrick Dewaere, Yves Robert, Brigitte Fossey et Jacques Dufilho, il analyse avec sa perspicacité habituelle les rapports entre un père et son fils, ainsi que la difficile réinsertion de celui-ci dans la vie quotidienne, après plusieurs années passées aux Etats-Unis à faire la contrebande de stupéfiants. A noter que l'actrice Romy Schneider a obtenu le César de la meilleure actrice pour "Une Histoire simple".
Après avoir consacré, le meilleur de son talent à la peinture d'une génération, la sienne, ainsi que cette classe moyenne populaire, qui doute de la pérennité de son apparente réussite sociale, il lui faudra attendre 1983 pour voir dans les salles de cinéma "Garçon", pour lequel, le cinéaste n'avait pas la motivation et n'avait pas accepter qu'Yves Montand modifie le scénario contre l'avis du cinéaste. Après plusieurs années de silence, Sautet revient avec "Quelques jours avec moi" (1988), le cinéaste trouve l'occasion de changer le cadre dans lequel il avait travaillé jusqu'alors, et de s'entourer de nouveaux collaborateurs.
Les deux films suivants, "Un Cœur en hiver" (1992) et "Nelly et Monsieur Arnaud" (1998) confirmeront ce renouveau. Plus que jamais, l'homme est au centre de l'œuvre de Sautet , mais face ç lui-même et aux incertitudes de son devenir, l'angoisse, désormais, le mine, il se réfugie dans la solitude. Claude Sautet reçoit un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en mars 1995. Fatigué par l'âge et la maladie, le cinéaste perd l'envie de tourner et tourne la page définitivement. Fumeur invétéré, Claude Sautet décédé le 22 juillet 2000 à l'âge de 76 ans, des suites d'un cancer, il repose au cimetière du Montparnasse.
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