ADIEU AU DERNIER DES SAMOURAIS, ALAIN DELON
ADIEU AU DERNIER DES SAMOURAIS
ALAIN DELON 1935 - 2024
Il était le dernier grand acteur de sa génération, une icône du cinéma français depuis la fin des années cinquante aux années 90. Monument du cinéma français des trente glorieuses, sa mort a été annoncé ce dimanche 18 août 2024, Alain Delon avait 88 ans.
Il était important de dire que ma passion du cinéma est née avec Alain Delon, lorsque je l'ai découvert dans "Rocco et ses frères", puis peu de temps après avec "Plein soleil" en passant par "La Tulipe noire". Etonné par son jeu d'acteur, j'étais plus attiré par le côté sombre du personnage que celui de Belmondo plus attiré par la comédie. J'avais découvert Gérard Philipe à mes douze ans avec "La Chartreuse de Parme" et j'ai estimé que ces deux acteurs avaient une vérité dans leurs jeux d'acteurs.
Alain Delon aura tourné avec la plupart des grandes actrices françaises et internationales : Brigitte Bardot, Romy Schneider, Simone Signoret, Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Shirley MacLaine, Annie Girardot, Danielle Darrieux, Michèle Morgan, Ingrid Bergman, Claudia Cardinale, Mireille Darc, Nathalie Baye, Monica Vitti, Vanessa Paradis, Stéphane Audran, Jane Fonda, Lauren Bacall, Edwige Feuillère, Micheline Presle, Ursula Andress, Véronique Jannot, Françoise Arnoul, Jane Birkin, Mylène Demongeot, Virna Lisi, Dawn Adams, Katina Paxinou, Viviane Romance, Paulette Dubost, Pascale Petit, Arielle Dombasle, Ornela Muti, Léa Massari, Nathalie Delon, Ottavia Piccolo, Marie Laforêt, Sydne Rome, Mimsy Farmer, Joanna Shimkus, Catherine Rouvel, Nicole Calfan, Senta Berger, Ann-Margret, Capucine, Cathy Rosier, Miou-Miou, Claudine Auger, Anne Parillaud, Andréa Férreol, Christine Boisson et tant d'autres.
Delon aura donné également la Réplique à de nombreux comédiens de tout horizon : Jean Gabin, Lino Ventura, Bourvil, Jean-Paul Belmondo, Jean-Louis Trintignant, Maurice Ronet, Anthony Quinn, Burt Lancaster, Kirk Douglas, Dean Martin, Charles Bronson, Richard Burton, Richard Crenna, Bernard Blier, Jean-Claude Brialy, Paul Meurisse, François Périer, Michel Bouquet, Gian Maria Volonté, Yves Montand, Daniel Ivernel, Jean Servais, Henri Vidal, Darry Cowl, Gino Cervi, Francis Blanche, Serge Reggiani, Jean Yanne, Michel Serrault, Gérard Depardieu, Richard Conte, Michel Piccoli, Pierre Mondy, Bruno Cremer, George Segal, Toshiro Mifune, Fabrice Luchini, Maurice Biraud, Akim Tamiroff, Robert Manuel, Georges Géret, Paul Crauchet, Maurice Garrel, Marc Porel, Julien Guiomar, Daniel Ceccaldi, Michel Aumont, Jean Bouise, Jean Tissier, Boby Lapointe, Michel Duchaussoy, Clovis Cornillac, Benoît Poelvoorde, Bernard Le Coq, Riccardo Cucciolla, André Falcon, Moustache, Renato Salvatori, Marcel Bozzuffi, Bernard Giraudeau, Louis Seigner, Gérard Jugnot, Claude Brasseur, Klaus Kinski, Michel Auclair, Pierre Dux, Jean-Pierre Darras, Philippe Léotard, Etienne Chicot, Pierre Mondy, Michel Galabru, Gérard Darmon, Jean-Pierre Darroussin, Jean-François Stévenin, Vincent Lindon, Paul Guers, Xavier Deluc, Jacques Dacqmine et Manuel Blanc.
Alain Delon est né le 8 novembre 1935 à Sceaux, son père était directeur du cinéma "Le Régina" de Bourg-la-Reine, sa mère était employée dans une pharmacie. Alain Delon a quatre ans lorsque ses parents divorcent, il était né dans une famille de la petite bourgeoisie, d'un milieu simple, ballotté d'internats en famille d'accueil, solitaire, rebelle et parfois incontrôlable, il s'engage à dix-sept ans dans la Marine et fait la guerre d'Indochine. Rentré à Paris, il fréquente la faune de Barbès à Saint-Germain-des-Prés, séduit l'actrice Brigitte Auber, se lie d'amitié avec Jean-Claude Brialy et, sans la moindre formation, débute en porte-flingue, à vingt-deux ans dans "Quand la femme s'en mêle" (1957) d'Yves Allégret aux côtés de Edwige Feuillère et Bernard Blier dans les rôles principaux. Edwige Feuillère déclara en évoquant Alain Delon : "Sa présence et son magnétisme à l'écran font d'emblée l'unanimité : "C'est un pur-sang"...
Alain Delon et Jean-Paul Belmondo se découvrent dans le film de Marc Allégret "Sois belle et tais-toi" en 1957. Delon a trouvé sa voie et prend sa carrière en main, Romy Schneider qui a déjà tourné la saga des "Sissi" le choisit sur photo pour être son partenaire dans "Christine" (1958) de Pierre Gaspard-Huit, et c'est le coup de foudre réciproque pendant le tournage. Leur idylle surmédiatisée, qui dure six ans, les propulse au-devant de la scène. Ils triompheront ensemble au théâtre dans "Dommage qu'elle soit une putain", sous la conduite de Luchino Visconti. Mais si, dès ce moment, certains n'hésitent pas à voir en lui "le James Dean français", il faut d'abord jouer les jeunes premiers dans des comédies "Faibles femmes" (1958) de Michel Boisrond, bref, faire ses classes.
Alain Delon obtient son premier grand rôle avec "Plein soleil" (1959) de René Clément où il donne la réplique à Maurice Ronet. Adapté d'un roman de Patricia Highsmith, ce film est le récit d'une machination criminelle, d'une noirceur un peu appliquée : un homme en tue un autre, prend son identité et s'empare de sa fortune. Mais Delon donne de Ripley, l'assassin, une image très ambigüe, qui gomme ce que le sujet a de gratuit. Il se révèle pleinement l'année suivante avec "Rocco et ses frères" (Rocco e i suoi fratelli,1960) de Visconti. Cette saga familiale est une âpre peinture de déracinement des immigrés du Mezzogiorno. Rocco a été maintes fois comparé à "L'Idiot" de Dostoïevski, dont il a la bonté absolue, proche de la sainteté; mais il est d'abord l'incarnation d'un passé révolu, celui des vieilles solidarités de clan, et porte la responsabilité de la déchéance et de la mort de Nadia, la prostituée incarnée par Annie Girardot; tout à fait extraordinaire. Delon joue le rôle avec une conviction et un dépouillement impressionnants. Ce n'est pas, manifestement, une simple composition d'acteur, et sans doute le personnage de Rocco fait-il naître en lui certains échos secrets. Plusieurs de ses créations laissent ainsi apparaître, "en négatif" pourrait-on dire, quelque chose de sa personnalité profonde : l'homme Delon est très certainement beaucoup plus fragile qu'il ne voudrait le faire croire. A la ville comme à l'écran, son image très agressive est aussi un masque, ce qui accroît encore la fascination.
Entre-temps, Delon, Lino Ventura, Bourvil et Jean-Claude Brialy sont à l'affiche du "Chemin des écoliers" (1959) de Michel Boisrond, puis il apparaît ensuite dans "L'Eclipse" (L'Eclisse,1962) de Michelangelo Antonioni aux côtés de Monica Vitti. Il enchaîne l'un des sketches du film "Les Amours célèbres" (1961) avec Brigitte Bardot, "Le Diable et les Dix Commandements" (1962 de Duvivier avec Danielle Darrieux. "Le Guépard" (Il Gattopardo,1963), où Visconti lui fait jouer le séduisant Tancrède, jeune aristocrate, d'une folle allure à la jeunesse audacieuse et rayonnante, lancé dans les batailles du Risorgimento, un rôle un peu à l'image de lui-même : brillant mais plutôt extérieur. Delon semble à l'orée d'une grande carrière vouée aux interprétations prestigieuses. Il revient pourtant au policier avec "Mélodie en sous-sol" (1963) d'Henri Verneuil, où il donne la réplique à Jean Gabin. C'est une œuvre agréable, sans prétention et solidement construite -pour tout dire, bien française. Suivent plusieurs films dispensable dont celui de Christian Jaque "La Tulipe noire" (1964) avec Virna Lisi et Francis Blanche, puis une tentative Hollywoodienne peu convaincante. Il préfère renoncer après quelques essais peu convaincants et devient producteur. C'est une période creuse, dont on retiendra pourtant l'intéressant "L'Insoumis" (1964) d'Alain Cavalier, dont le sujet est la fin de la guerre d'Algérie, l'O.A.S.).
En 1967, Delon revient en forme avec le tournage du film "Les Aventuriers" de Robert Enrico, d'après un roman de José Giovanni. Delon, toujours excellent quand il a un partenaire à sa mesure, y forme avec Lino Ventura un duo très convaincant. Il faudra attendre 1967 pour voir Delon opérer un grand retour en force avec "Le Samouraï" de Jean-Pierre Melville. Rétrospectivement, le film apparaît surtout comme un remarquable exercice de style. L'intrigue est, à dessein, tout à fait linéaire et le climat "film noir made in Hollywood". Mais une mise en scène très calculée, d'un dépouillement ostentatoire, les dix premières minutes se passent sans qu'un mot soit prononcé, mise à part la musique de François de Roubaix. L'interprétation de Delon, confère au personnage de Jeff Costello une présence presque minérale, assurent au "Samouraï" un impact qu'il a encore aujourd'hui. C'est un rôle qui marque l'entrée de Delon dans sa légende.
Dès lors, la plupart de ses films seront plus ou moins policiers. La mécanique en est parfaitement au point. Delon s'est donc efforcé d'en varier le ton : drame mondain avec "La Piscine" (1968) avec Romy Schneider et Maurice Ronet, reconstitutions historiques "Borsalino" (1970) avec Jean-Paul Belmondo, "Flic story" (1975) avec Jean-Louis Trintignant, "Le Gang" (1976), tous de Jacques Deray, études sociales "Deux hommes dans la ville" (1973) avec Gabin sur la peine de mort, "Le Gitan" (1975) avec Paul Meurisse et Annie Girardot, "Comme un boomerang" (1976), tous de José Giovanni, superproductions "Le Clan des Siciliens" (1969) de Henri Verneuil avec Gabin, Ventura et Delon, "Scorpio" (The Scorpio File,1973) de Michael Winner, cas psychologiques "Les Seins de glace" (1974) de Georges Lautner. Alain Delon producteur mais également réalisateur de ses films policiers comme "Pour la peau d'un flic" (1981) ou "Le Battant" (1983) où il partage l'affiche avec des comédiens de renom comme Michel Auclair, Daniel Ceccaldi, Jean-Pierre Darras, François Périer, Pierre Mondy ou Michel Beaune. Il n'est pas sûr que cela suffise, de ce fait cela rend inévitable un renouvellement de la formule.
On s'est parfois étonné en voyant Delon, dont les opinions politiques gaullistes sont bien connues faire adapter à l'écran des romans de Jean-Patrick Manchette, le grand représentant du "néo polar" "gauchiste". C'est oublier que Manchette est aussi un très habile constructeur d'intrigues, et possède un sens extrêmement vif du rythme, qualités que Delon utilise à bon escient comme dans "Trois hommes à abattre" (1980) de Jacques Deray adapte ainsi "Le Petit Bleu de la côté ouest", qui est en fait une étude du malaise des anciens combattants de mai 68 qui ont troqué les pavés pour l'attaché-case du jeune cadre : c'est un aspect qui disparaît totalement dans le film, au profit d'une violence généralisée et, apparemment, incompréhensible. On peu en dire autant de "Pour la peau d'un flic", pour son premier passage de Delon derrière la caméra. Film violent, spectaculaire, nerveux, plein de rebondissement. Outre les films policiers, on peut voir Delon dans des adaptations littéraires efficaces comme "La Veuve Couderc" (1971) de Pierre Granier-Deferre, un grand duo exceptionnel entre Delon et Simone Signoret, "L'Homme pressé" (1977) d'Edouard Molinaro avec Mireille Darc, "Le Toubib" (1979) de Granier-Deferre avec Véronique Jannot et dans le pur divertissement "Zorro" (1975) de Duccio Tessari avec Stanley Baker et même "Doucement les basses" (1971) de Jacques Deray avec Paul Meurisse. Autant de films honnêtement réalisés.
Delon s'est également lancé dans des tentatives plus ambitieuses : "Le Professeur" (La Prima notte di quiete,1972), très belle et très lente évocation de la solitude et de la déchéance, mise en scène par Valério Zurlini, et deux films avec Joseph Losey. Dans "L'Assassinat de Trotsy" (1972), il incarne de façon stupéfiante un tueur fanatique, replié sur lui-même. Dans "Monsieur Klein" (1976), il campe un profiteur de guerre indifférent, victime d'une machination, on le fait passer pour un juif, qu'il finit par assumer. Le rôle est très riche et plein de nuances, et la performance de Delon fait là encore, regretter qu'il ne sorte pas plus souvent du confort des sentiers battues, mais il faut dire à sa décharge que ce film dans lequel il s'était beaucoup investi fut un grave échec commercial. Il n'est pas forcément de tout repose d'incarner la séduction virile, surtout lorsqu'elle semble servir de refuge orgueilleux à un homme très secret, dont la voyante image publique, symbole d'une réussite sociale passionnément désirée, est aussi un barrière infranchissable. Car là est le grand paradoxe delonien : la célébrité est chez lui un désir caché de solitude, tout est fait pour que l'homme et l'acteur ne coïncident jamais. Le mythe Delon est bien là.
1977 aura vu paraître sur les écrans quatre films interprétés par Delon : "Le Gang" de Jacques Deray, "Armaguedon" avec Jean Yanne, "L'Homme pressé" et "Mort d'un pourri". Dans ce dernier, l'acteur n'est ni flic ni gangster mais un "monsieur-tout-le-monde" qui met son nez dans une affaire de corruption politique en voulant venger l'assassinat d'un ami. Gros succès commercial de Georges Lautner avec une pléiade d'acteurs confirmés : Maurice Ronet, Stéphane Audran, Mireille Darc, Michel Aumont, Jean Bouise, Daniel Ceccaldi, Ornella Muti, Julien Guiomar, Klaus Kinski, François Chaumette et Henri Virlojeux ...Puis il enchaîne avec un long métrage plus surprenant "Attention, les enfants regardent" (1978) de Serge Leroy, où des gamins, saturés d'images visuelles, en viennent à copier dans la réalité les exactions des héros de leurs feuilletons favoris et tuent un vagabond incarné par Alain Delon.
Dans les années 80, Robin Davis dirige Alain Delon et Catherine Deneuve dans "Le Choc" (1982) où il est tueur à gages. Delon change totalement de registre, il incarne d'abord Charlus, le baron jouisseur et désenchanté de "Un Amour de Swann" (1984) de Volker Schlöndorff avec Jeremy Irons, puis Robert Avranches, alcoolique à la dérive, dans "Notre Histoire" (1984) réalisé par Bertrand Blier. Ce qui lui permettra d'obtenir le César du meilleur acteur 1984. Pour la petite anecdote, c'est Coluche qui ironisera lors de la Cérémonie des César, par l'absence de Delon. Producteur d'un grand nombre de ses films, il est également créateur d'une collection de meubles, d'une eau de toilette qui porte son nom. En 1986, il reçut la médaille de Commandeur des Arts et Lettres en mai 1986 des mains de Jack Lang, où il était en compagnie de sa mère Edith Boulogne et de Jean-Marie Le Pen, son ami. A noter que le Président de la République Jacques Chirac le distingue d'Officier de la Légion d'Honneur en 2005 et Chevalier en 1991. …..
A partir de 1985, et l'échec du film de Bertrand Blier "Notre Histoire", la carrière cinématographique du monstre sacré qu'était Alain Delon, va se poursuivre avec des polars comme "Parole de flic" (1985) de José Pinheiro ou "Dancing machine" (1990) de Gilles Béhat, il tourné également deux films noirs sous la direction de Jacques Deray "Un Crime" (1993) et "L'Ours en peluche" (1994). La "Nouvelle Vague" ne l'a pas sollicité mise à part Alain Cavalier avec le film "L'Insoumis" sur fond de guerre d'Algérie, mais Jean-Luc Godard l'a dirigé en 1990 dans "Nouvelle Vague". En 1998, il retrouve son rival de toujours : Jean-Paul Belmondo, aux côtés de Vanessa Paradis dans "Une Chance sur deux" de Patrice Leconte. En 1999, Bertrand Blier le dirige à nouveau pour compléter la pléiade d'acteurs français dans "Les Acteurs" aux côtés de tous les plus grands acteurs du cinéma français : Belmondo, Delon, Marielle, Piccoli, Jean Yanne, Depardieu, Villeret, Serrault, Brialy, Arditi et tant d'autres...En 2008, le producteur et fils de Claude Berri, Thomas Langmann lui propose d'interpréter Jules César dans "Astérix aux Jeux Olympiques" où il a su mettre son talent dans sa propre dérision. Le Festival de Cannes lui rend un émouvant hommage en 2019, il reçoit une Palme d'Honneur pour l'ensemble de sa carrière.
Le cinéma français a des stars, mais peu de figures mythiques. En ce domaine Gabin a régné, seul ou presque, pendant près de quarante ans. Bien sûr, Fernandel et Gabin ont régné des années 30 à 60, comme le fut Raimu et Harry Baur dans les années 30 et 40 (en sachant que ces deux grands comédiens sont décédés avant la fin de la Seconde Guerre mondiale), après Delon -Belmondo, ce fut le temps ou Gérard Depardieu et Patrick Dewaere ont repris le flambeau. Belmondo et Delon, entre lesquels son héritage semble avoir été partagé à parts égales. On les oppose l'un à l'autre depuis le début de leurs carrières et s'il y a là une facilité journalistique, leur popularité respective s'explique par des raisons différentes et presque contradictoires. Vis-à-vis du public, Belmondo joue la complicité, la performance d'acteur; il attire une sympathie dont il a besoin. Delon ne se départit jamais d'une certaine distance, tire profit d'une présence très forte, toujours un peu énigmatique, qui retient plus qu'elle ne séduit; il s'impose en dépit, ou à cause, de l'agacement qu'il fait naître parfois, pour certains…
*Affiches-cine * Cinéma français * Cinetom