BULLE OGIER, LE CHARME DISCRET D'UNE GRANDE COMEDIENNE
BULLE OGIER 1939
Actrice Française
Certains actrices avec un fort potentiel, une carrière magistrale, sont restées dans la discrétion, Bulle Ogier, ce fut son cas...Discrète mais tellement talentueuse....De son vrai nom Marie-France Thielland, Bulle Ogier est née le 9 août 1939 à Boulogne-Billancourt, d'un père avocat et d'une mère artiste- peintre, lesquels se séparent après sa naissance.
Après des études secondaires, elle suit les cours d'une école de journalisme jusqu'à ce qu'Hélène Lazareff la présente à Coco Chanel, où elle travaillera quelques mois. A dix-huit ans, elle est enceinte de sa fille, Pascale Ogier, qui sera également comédienne, mais décèdera prématurément à l'âge de 25 ans, le 25 octobre 1984.
En 1962, Bulle Ogier rencontre Marc'O dont elle suit les cours de l'American Center qui regroupe peintres, écrivains, musiciens de toutes nationalités. Marc'O crée par la suite sa propre troupe qui réunit entre autres, Pierre Clémenti, Elisabeth Wiener, Jacques Higelin, Jean-Pierre Kalfon, qui deviendra son compagnon à la fin des années 60. De 1961 à 1967, date de ses débuts au cinéma, Bulle Ogier sera de toutes les créations de Marc'O. C'est ainsi qu'on la verra jouer dans "Le Triomphe de l'amour" (1961), "L'Entreprise" (1962), "Le Printemps" (1963), "Pierrot Lunaire" (1963). Maurice Girodias, éditeur, leur offre sa cave et crée "La Grande Séverine", l'ancêtre du café-théâtre. Le groupe y joue pour la première fois "Les Play-girls" en 1964. Suivront "L'anti-came" et "Les Idoles", adapté peu après pour le cinéma par Marc'O, avec Bulle Ogier, Pierre Clémenti et Jean-Pierre Kalfon. Sorti en salles le 14 juin 1968, "Les Idoles" fut qualifié de "film le plus révolutionnaire de l'année" par Jean-Luc Godard, mais les évènements de mai 68 supprimèrent bien vite de l'affiche.
Autre rencontre importante : Jacques Rivette avec lequel Bulle Ogier interprètera presque tous les films. Après avoir tourné "L'Amour fou" (1969) qui sera proposé au cinéma sous deux versions, l'un de 252 minutes, l'autre de 120 minutes, elle sera également à l'affiche de "La Salamandre" (1971) d'Alain Tanner, ce petit film suisse, au retentissement inattendu la fait connaître du public, magnifiquement interprétée par Bulle Ogier.
Cette même année 1971, on la retrouve diriger par le cinéaste Belge André Delvaux dans "Rendez-vous à Bray" qui lui permet à nouveau une belle prestation. Les films de Barbet Schroeder concernent la trajectoire du dépassement : on est initié et l'on dépasse l'initiateur. C'était le thème de "More" pour la drogue, celui de "La Vallée" (1972), à l'égard du monde hippie."
On notera la persistance de ce thème dans "Maîtresse" (1976) et "Tricheurs" (1984), tous deux réalisés par Barbet Schroeder, pour lesquels Bulle Ogier déclara : "Faire un film, c'est entrer dans la vie, c'est approfondir un sujet sur le terrain. Le tournage de "La Vallée" a été une aventure que je n'aurais pas vécu sans ce film. En 1971, elle reçoit le Prix Suzanne Bianchetti.
Après une incursion dans l'univers de Claude Lelouch "Mariage" (1974), Bulle Ogier retrouve ses auteurs favoris dont Jacques Rivette pour "Duelle" (1976) et Schroeder pour "Maîtresse" et surtout le théâtre, en 1975, grâce à Marguerite Duras dont elle interprète "Des journées entières dans les arbres"; Ce fut une rencontre déterminante, déclare Bulle Ogier (...), elle participera également au tournage du film de Marguerite Duras "Des journées entières dans les arbres" en 1977. On retiendra de cette période des années 70, un film réalisé par Yannick Bellon "Jamais plus toujours" ainsi que "Céline et Julie vont en bateau" (1974) de Jacques Rivette.
A noter sa prestation dans le film de Luis Bunuel "Le Charme discret de la bourgeoisie" (1972) aux côtés de Fernando Rey, Delphine Seyrig, Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel, Paul Frankeur et Michel Piccoli entre autres. L'année suivante, ce fut Jean Marboeuf qui la dirigea aux côtés de Claude Brasseur et Jean Rochefort dans "Bel ordure". Quant au cinéaste Daniel Schmid, il avait proposé le rôle de la comtesse Palewski à Bulle Ogier dans "La Paloma" (1973) qui avait sélectionné par la Semaine Internationale de la Critique, à Cannes, en 1974.
Actrice fétiche de Jacques Rivette, Bulle Ogier apparaît dans "La Bande des quatre" en 1989, où elle incarne un professeur d'art dramatique. De nombreux cinéastes des nouvelles générations lui confient des rôles intéressants comme Xavier Beauvois dans "Nord" (1992) puis en 1996 avec son sublime film "N'oublie pas que tu vas mourir". Son côté lunaire rend souvent Bulle Ogier irrésistible, comme lorsqu'elle compose la fantasque patronne de "Vénus beauté (Institut)" (1999) de Tonie Marshall. Quant à Manoel de Oliveira, il lui offre l'un de ses meilleurs rôles de la période dans "Belle toujours" (2007). En 2010, c'est le cinéaste Otar Iosseliani qui lui propose de jouer dans "Chantrapas". Bulle Ogier aura été attentive au cinéma indépendant et apparaît régulièrement dans de nombreux courts-métrages, notamment dans "Bête de scène" (1994) de Bernard Nissille ou "Tout va mal" (1996) de Marco Nicoletti.
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