DÉCÈS DE L'ACTEUR DONALD SUTHERLAND
DÉCÈS DE L'ACTEUR
DONALD SUTHERLAND
C'est le comédien Kiefer Sutherland qui a annoncé le décès de son père, l'acteur canadien Donald Sutherland mort le jeudi 20 juin 2024 à l'âge de 88 ans. On pouvait lire "C'est le coeur lourd que je vous annonce la mort de mon père, Donald Sutherland. Personnellement, je pense que c'est l'un des acteurs les plus importants de l'histoire du cinéma."
L'inoubliable "Casanova de Fellini" (Il Casanova di Federico Fellini,1977) interprété magistralement par Donald Sutherland, avait révélé les talents de ce grand comédien. Né le 17 juillet 1935 à New Brunswick au Canada. De parents d'origine écossais, allemand et anglais, la famille vit dans une ferme à Lakeside avant de déménager en Nouvelle-Ecosse, où le jeune Donald Sutherland passe son adolescence.
Présentateur radio à l'âge de quatorze ans, études à l'université de Toronto, premiers rôles en amateur au théâtre, il fait partie de la troupe de théâtre "Uc Follies" à Toronto. En 1957, il s'inscrit à la Royal Academy of Dramatic Art de Londres et se produit dans de nombreux théâtres au Royaume-Uni, avant de donner la réplique à Rex Harrison dans la pièce "August for the People".
Donald Sutherland débute au cinéma en 1964 dans un film d'horreur italien "Le Château des morts-vivants" (Il Castello dei morti vivi). C'est le cinéaste Robert Aldrich qui lui offre son premier grand rôle dans "Les Douze salopards" (The Dirty Dozen,1967) aux côtés de Lee Marvin, Ernest Borgnine, Charles Bronson, Jim Brown et John Cassavetes. Très remarqué lors de la sortie du film de Robert Altman "M.A.S.H." (1970), dont le personnage excentrique, volontiers farfelu, devient sa "marque de fabrique", on le nomme "Oeil-de-Lynx, chirrgien dégingandé. "M.A.S.H." est l'un des films à avoir marqué cette période, lui et son acolyte, Elliott Gould, sont même entrés dans la légende. Le grand public le découvre grâce à l'immense succès du film, primée au Festival de Cannes d'une Palme d'or en 1970.
Après ce succès, il choisit méticuleusement ses films et, hormis quelques rôles sans originalité qui sont le lot de tous les acteurs, il fera plusieurs fois impression : en cinéaste dans "Alex In Wonderland" (1970) de Paul Mazurky, en prêtre fou dans "Petits meurtres sans importance" (Little Murders,1971) d'Alain Arkin. Donald Sutherland impose définitivement son stature en incarnant le détective privé énigmatique John"Klute" aux côtés de Jane Fonda et Roy Scheider. En 1973, c'est le cinéaste Nicholas Roeg qui le dirige dans "Ne vous retournez pas !" (Don't Look Now) en parent tourmenté dont l'action se passe dans une Venise hivernale; lui permet de révéler ses dons dramatiques, de même John Schlesinger avec "Le Jour du fléau" (The Day of the Locus,1975). La critique l'acclame en 1976 pour ses interprétations dans "1900" de Bernardo Bertolucci avec Robert De Niro et Gérard Depardieu, mais également grâce à sa célébrité, le cinéaste italien de "La Dolce Vita", Federico Fellini, lui donne la grâce d'un Casanova vieillissant dans "Le Casanova de Fellini". A noter également sa prestation dans le film de Claude Chabrol "Les Liens de sang" (Blood Relatives,1978) avec Stéphane Audran. Mais le film qui sort du lot est celui de Fellini grâce au "Casanova de Fellini", le visage grimé, imperturbable effigie.
Depuis les années quatre-vingts, Donald Sutherland continuait sur la lancée d'une des carrières cinématographiques les plus prolifiques de l'histoire du cinéma. Il lui arrive de jouer des personnages discrets et nuancés, comme le père de famille dans "Des Gens comme les autres" (Ordinary People,1980) de Robert Redford, le prêtre lié par le secret du confessionnal dans "Confession criminelle" (The Rosary Murders,1987) de Fred Walton, le psychiatre compréhensif dans "Carrefour des innocents" (Lost Angels,1989) de Hugh Hudson, le professeur d'histoire afrikaner qui découvre l'horreur de la politique raciale de son pays dans "Une Saison blanche et sèche" (A Dry White Season,1989) ou encore le bourgeois sevré d'affection filiale dans "Six degrés de séparation" (Six Degrees of Separation,1993) de Fred Schepisi.
Cependant c'est dans des rôles excessifs, qu'il semble le plus se délecter : agent de l'Abwehr opérant en Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale dans "L'Arme à l'œil" (Eye of the Needle,1981), il avait déjà incarné un espion dans "L'Aigle s'est envolé" (The Eagle has Landed,1977) de John Sturges. Il interprète également un directeur un directeur de prison sadique, fanatique de la chaise électrique dans "Haute Sécurité" (Lock Up,1989) de John Flynn, père incestueux d'Amy Irving dans "Au bénéfice du doute" (Benefit of the Doubt,1993) de Jonathan Heap, il est également un général impliqué dans de douteux essais d'armes bactériologiques et prêt à anéantir des milliers de civils pour couvrir sa faute dans "Alerte !" (Outbreak,1994) de Wolfgang Petersen.
On peut constater que la plupart des rôles d'appoint c'est là qu'il se montre le meilleur. Sa façon de camper, en quelques secondes, un individu dangereux, inquiétant ou mystérieux est inimitable. C'est ainsi qu'on l'aperçoit dans "J.F.K." (1991) d'Oliver Stone ou il joue l'insaisissable colonel X révélant à Kevin Costner les ramifications d'une gigantesque machination. Pourtant, même lorsque le scénario s'y prête, il sait parfois résister à son penchant pour l'outrance. Ainsi, il dresse dans "Gauguin, le loup dans le soleil" (1986) de Henning Carlsen, un portrait du peintre beaucoup moins flamboyant que ne le fit Anthony Quinn dans "La Vie passionnée de Vincent Van Gogh".
Il peut jouer également les médiateurs entre les deux acteurs principaux comme on le voit dans "Harcèlement" (Disclosure,1994) de Barry Levinson, où il incarne un directeur de société louvoyant entre deux employés interprétés par Michael Douglas et Demi Moore, lesquels sont engagés dans un féroce affrontement. On peut noter quelques rôles qui ont rendu une grande popularité au comédien, comme dans "Crackers" (1984) de Louis Malle aux côtés de Sean Penn et Jack Warden. "Tutti Frutti" (Catholic Boys,1985) de Michael Dinner qui est un film sur les "Six-ties", ces années ou Little Richard entonnait sa célèbre chanson, symbole de toute une jeunesse "Tutti Frutti" d'où le titre français. En 2016, il est membre du jury du Festival de Cannes, en 2017, il reçoit un Oscar d'honneur.
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